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IROQUOISIE

plain ne peut quitter la colonie. Les délibérations continuent. D’un commun accord, décision est prise de retarder l’expédition de guerre jusqu’à l’an 1619. Les Alliés s’engagent à fournir un bon nombre de guerriers ; de son côté, Champlain suppliera le Roi de lui accorder des soldats et d’autres secours militaires, afin de « les faire jouir du repos par eux espéré, et de la victoire sur leurs ennemis »[1]. D’autres conseils ont lieu les jours suivants. Enfin, les sauvages obtiennent satisfaction ; ils festoient et dansent « sur l’espérance de la guerre à l’avenir où, dit Champlain, je les devais assister »[2].

Champlain n’est pas loquace. Il ne compose pas le récit de la petite guerre qui sévit toujours entre Coalition laurentienne et Confédération iroquoise. Certaines phrases lèvent à peine le rideau. On le voudrait prolixe.

C’est à cette traite que Champlain retrouve Brûlé. En compagnie de douze Hurons, celui-ci en 1615, étant descendu directement de la Huronie vers le lac Ontario, il avait probablement franchi la rivière Niagara ; il avait contourné le territoire des Tsonnontouans en décrivant un vaste cercle vers l’Ouest. Le groupe dont il faisait partie avait attaqué des Tsonnontouans revenant vers leur bourgade et en avait tué quatre ; il en avait capturé deux ; il avait atteint Carantouan, vaste bourgade du pays des Andastes. Ceux-ci avaient tenu des conseils, donné des festins, mobilisé cinq cents guerriers. Brûlé avait pressé leurs préparatifs, mais inutilement. Enfin, après des délais, le détachement andaste s’était mis en marche ; en trois jours, il était arrivé devant le village iroquois que les Hurons, en compagnie de Champlain, avaient assiégé. Ceux-ci étaient partis depuis deux jours après leur siège inutile. Brûlé était revenu à Carantouan, hameau fortifié à la manière des villages iroquois et si populeux qu’à lui seul, il pouvait fournir huit cents guerriers. Désormais inoccupé, il avait visité les tribus voisines, descendu la rivière Susquehanna, débouché dans la baie Chesapeake. À son retour à Carantouan, il avait enfin trouvé des

  1. Œuvres de Champlain, v. 3, p. 211.
  2. Idem, v. 3, p. 211.