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IROQUOISIE

En un mot, le commerce des fourrures devient dans la Nouvelle-France et dans l’État français, l’un de ces vastes intérêts, l’une de ces grandes affaires dont le gouvernement ne peut se désintéresser parce que la prospérité générale et le bien-être de trop d’individus en dépendent. Par la même occasion, il ne peut se désintéresser de la voie que ce commerce suivra ; la liberté de la navigation sur l’Outaouais et le Saint-Laurent devient plus précieuse et plus nécessaire qu’elle ne l’a jamais été. Les Iroquois la menaçant gravement, Champlain est condamné à consolider la coalition laurentienne qui la défend et en a besoin.

De plus, ce commerce dépend de certaines tribus. Leur extinction ou leur affaiblissement lui porterait un coup mortel. Champlain doit donc les protéger, les défendre. Surtout contre des ennemis qui dériveraient ces marchandises vers d’autres postes de traite, d’autres colonies, d’autres pays européens.

La logique des événements entraîne donc Champlain, non-seulement dans une alliance de plus en plus dans une assistance militaire de plus en plus grande mais encore dans une opposition de plus en plus nette à la Confédération iroquoise. Si, en effet, les Algonquins et les Hurons étaient de beaucoup les plus forts, Champlain pourrait se désintéresser de ces questions : les Indiens trouveraient bien seuls le moyen de descendre à Québec. Mais justement, comme il l’a appris dès 1603, la coalition laurentienne soutient difficilement l’assaut de ses ennemis. L’incident suivant qui se déroule pendant que Champlain est en Huronie nous le fait saisir. Un conflit se produit soudain entre le clan huron de l’Ours et les Algonquins du capitaine Iroquet ; il s’envenime et ces derniers se voient bientôt dans un grave danger. Champlain doit partir à ce moment pour découvrir les régions du Nord, mais il abandonne toute idée de voyage pour régler le conflit. Les parties l’acceptent pour arbitre. Et au cours des conseils qui ont lieu, il leur parle durement et franchement. Il leur remon-