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IROQUOISIE

troupes pour venir au secours. Le danger pourrait venir de ce côté.

Quand l’armée atteint le fleuve, Champlain demande qu’on le conduise directement à Québec. Quatre hommes se présentent pour l’accompagner. Mais les chefs répondent qu’aucun canot n’est disponible, que les troupes ont besoin de toutes les embarcations. Champlain n’est pas content. Il n’a jamais envisagé un hivernement en Huronie. Mais leur expédition manquée, les Hurons redoutent des représailles. Ils préfèrent garder les Français avec eux pour mieux se défendre le cas échéant. Et ceux-ci assisteront à leurs conseils ; ils écouteront les délibérations « pour résoudre ce qu’il convenait faire à l’avenir contre leurs dits ennemis pour leur sûreté et conservation »[1]. Bon gré, mal gré, Champlain se laisse convaincre et demeure avec l’armée.

Celle-ci se débande en bonne partie après avoir traversé le fleuve. Des guerriers, redevenus chasseurs, veulent poursuivre l’ours, l’orignal, le chevreuil. D’autres regagnent directement la bourgade d’où ils sont partis. En compagnie d’un chef du nom de Darontal ou Atironta, Champlain chasse pendant quelques semaines dans le sud-est de l’Ontario, district giboyeux dont il laisse des descriptions charmantes. Le mois de décembre venu, la bande s’achemine lentement vers la Huronie. Elle y parvient enfin en compagnie d’Yroquet, l’Algonquin, de son fils, et de quelques compagnons qui viennent hiverner avec leurs alliés.

Champlain met à profit ce séjour forcé en Huronie. Il visite la région qui borde la rive orientale du lac Huron. Il se rend chez la nation du Pétun qui compte sept bourgades, cultive le tabac que les Hurons revendent aux tribus des alentours, et jouera plus tard un rôle de premier plan dans le commerce des fourrures et la guerre contre les Iroquois.

Il reçoit un bon accueil plus au sud chez les Outaouais ou Cheveux-Relevés. Il descend jusqu’à la frontière de la Nation Neutre. Ses compagnons lui fournissent des renseignements sur ce peuple. Il est

  1. Œuvres de Champlain v. 3 p. 81.