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IROQUOISIE

tant plus que l’ennemi, quand il voit cette armée, emploie chaque minute à perfectionner, compléter ses préparatifs de défense ?

Champlain esquisse un plan ingénieux. Les guerriers construisent un cavalier, échafaud très élevé ; deux cents d’entre eux le mettent en place le lendemain. Trois arquebusiers y montent. Ils dominent la galerie. Bien protégés par des pièces de bois, ils tirent sur les Iroquois qui voudraient y demeurer. Postés dans d’autres endroits avantageux, d’autres Français exécutent la même tâche. Pendant un certain temps, les ennemis ripostent avec des flèches, des pierres ; puis, abandonnant la partie, ils se mettent à couvert.

Ces simples préparatifs ont malheureusement porté à son paroxysme l’excitation de ces troupes nerveuses. Elles exécutent mal leur partie. Au lieu de pousser lentement les mantelets jusqu’aux palissades, en se tenant soigneusement à l’abri, d’allumer au pied une flambée qui embraserait toute la ville, elles deviennent une cohue que personne ne peut plus guider ; elles poussent des clameurs, elles lancent par-dessus le mur des flèches qui ne peuvent nuire à personne ; elles s’exposent inutilement. Elles n’ont pas amassé assez de bois sec. Un soldat réussit à allumer un brasier, mais au mauvais endroit puisque le vent repousse le feu et la fumée vers les assiégeants ; chacun apporte un peu de bois, mais en trop petite quantité. L’excitation croissant sans cesse, personne ne peut plus se faire entendre. Champlain vocifère, commande mais inutilement.

Enfin, il se lasse, car le combat ne fait aucun progrès. Lui et les Français, se contentent maintenant de tirer sur les Iroquois qui s’exposent. Ils en tuent plusieurs. L’ennemi profite de la confusion pour éteindre les feux, décocher des flèches dans cette multitude qui tournoie et blesser quelques guerriers.

La vaine bataille dure trois heures. Ochateguin, chef huron, un autre capitaine du nom d’Orani, treize guerriers ont reçu des blessures. Les uns parlent immédiatement d’une retraite, les autres d’attendre