Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
IROQUOISIE

Pointe à la Traverse. Aussitôt, les Hurons dissimulent leurs canots dans les taillis ; et ils poursuivent leur route à pied « tirant au Su, vers les terres des ennemis »[1]. Ils franchissent de vingt-cinq à trente lieues. Attaquent-ils ensuite le village des Onneyouts ou la capitale de toute l’Iroquoisie, Onnontaé ? Le texte fournit si peu de détails topographiques qu’un grand débat s’est élevé sur cette question.

Le neuf octobre 1615, les Alliés sont à quatre lieues de la bourgade. Ils capturent onze Indiens qui s’en vont à la pêche, soit quatre femmes, trois garçons, une jeune fille et trois hommes. Le capitaine Yroquet coupe un doigt à l’une des prisonnières ; Champlain réprouve énergiquement cette action ; mais Yroquet répond que les Iroquois agissent de même.

Le lendemain, 10, les troupes arrivent en vue de la bourgade. Rien n’a encore décelé leur présence. Mais elles mettent, semble-t-il, trop de confiance dans les armes à feu des Français ; et, au lieu de tenter une attaque par surprise, à l’indienne, elles se découvrent et commencent à escarmoucher. Elles abandonnent les plans préparés avec soin. L’armée secourt ces guerriers imprudemment engagés ; Champlain lui-même doit intervenir. Enfin les Iroquois lâchent prise, abandonnent des morts et des blessés parmi le maïs et les citrouilles qu’il récoltaient.

Le problème militaire qui se pose devant Champlain n’est pas facile à résoudre. La bourgade se dresse devant lui, entourée de quatre palissades de gros troncs d’arbres ; ceux-ci sont solidement liés les uns aux autres ; entre eux, aucun espace de plus de six pouces ; ils ont une trentaine de pieds de long ; au sommet court un parapet bien protégé par des pièces de bois ; il y a un étang tout près, et l’ennemi a aménagé des gouttières par où coulera l’eau pour défendre les palis contre le feu ; de grandes quantités de pierres s’ébouleront sur les assaillants si jamais ils atteignent le pied de ce rempart. Comment détruire ces fortifications, prendre la bourgade, avec des arcs, des flèches et quelques arquebuses ? D’au-

  1. Œuvres de Champlain v. 3 p. 62.