Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
IROQUOISIE

moment qu’il rencontre une nation appelée à jouer beaucoup plus tard un rôle de premier plan dans le commerce des fourrures et dans l’histoire de la Nouvelle-France : les Outaouais, ou Cheveux-Relevés, parce qu’ils ont les cheveux « relevés et agencés, et mieux peignés que nos courtisans ». Ils ont aussi les narines percés, c’est pourquoi on les appellera souvent Nez-Percés. Ils se peinturent volontiers le visage. Champlain les visite, admire les ouvrages des femmes, il donne une hache de fer au chef. Ces Indiens n’habitent pas ici ; ils sont venus pour la récolte des bleuets, qu’ils font sécher et qu’ils mangent l’hiver. Leur armement est celui de l’homme de l’âge de pierre : arc, flèche, bouclier de cuir bouilli et durci.

Champlain navigue sur l’immense lac Huron, la Mer Douce des premiers Français. Il capture des truites de quatre pieds et demi de long, des brochets et des éturgeons monstres. Enfin, il aborde à Toanché, en Huronie, dans le territoire du clan de l’Ours.

Désormais, ses descriptions rappelleront celles d’Hochelaga par Jacques Cartier. Le pays lui paraît « fort beau, et la plus grande partie déserté, accompagné de fortes collines, et de plusieurs ruisseaux, qui rendent ce territoire agréable »[1]. Au sortir de la forêt, il débouche dans les champs de maïs où les hommes se perdent ; il mange le maïs sous forme de pain ou de sagamité, il mange de la citrouille américaine et du poisson. Il chemine avec plaisir dans ces campagnes belles et bonnes. Il atteint Carhagouha. La palissade qui défend cette bourgade est semblable à celle d’Hochelaga ou des bourgades iroquoises. Les palis ont trente-cinq pieds de hauteur à partir du sol ; ils forment trois rangées ; ceux du milieu sont plantés droit ; ceux de l’intérieur et de l’extérieur inclinent vers la rangée du milieu qu’ils rejoignent au sommet. Champlain entre par la porte, il aperçoit les longues cabanes d’écorce d’orme gras, sans fenêtre, au toit bombé.

Les Hurons s’apprêtent aussitôt pour la guerre. Mais une concentration de troupes est difficile à opérer en été ; les hommes sont partis pour les loin-

  1. Œuvres de Champlain v. 3 p. 46.