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IROQUOISIE

Champlain est bientôt l’hôte de Nibachis, chef algonquin dont la tribu cultive le maïs au lac des Rats Musqués. Dès son arrivée, il déclare qu’il est en Canada pour assister les Algonquins en leurs guerres. Puis il passe outre. Il atteint l’île des Allumettes où il rencontre Tessouat, le chef qu’il a connu en 1603. La tribu dont ce dernier est le chef a choisi cette île, comme habitat, parce qu’elle est difficile d’accès, et défendue par des rapides. Ici, ces Algonquins sont en dehors de la portée de leurs ennemis. L’âpreté des lieux, comme ils disent, leur sert de boulevard. Ils se transporteraient immédiatement dans l’île de Montréal, si les Français y construisaient une habitation.

Tessouat offre un grand festin pour son hôte. Après avoir pétuné en même temps que les autres convives, Champlain assure à l’assemblée qu’il a le désir « de les assister en leurs guerres »[1]  ; nombre de Français sont aussi au sault Saint-Louis dans ce dessein. Tessouat parle à son tour. Il affirme, lui, que c’est deux mille guerriers qui se sont assemblés au sault Saint-Louis en 1612 pour prendre part à une expédition de guerre ; mais aucun des Français présents n’a voulu se joindre à eux ; et leur désappointement a été si grand « qu’ils avaient résolu entr’eux de ne plus venir au Saut ». Toutefois, une troupe de 1, 200 guerriers était allée quand même à la guerre. Dans le moment présent, les Algonquins ne peuvent pas se mettre en campagne : les hommes sont presque tous absents ; les villages sont vides. Il faut remettre l’expédition à l’an suivant.

Champlain arrête ici sa course. Il revient sur ses pas. Menacée d’une façon vitale et profonde par les Iroquois, la coalition laurentienne a mis en œuvre tous les moyens pour obtenir l’assistance militaire de la France ; elle a dit : pas de secours militaires, pas de fourrures. Car ces hommes de l’âge de pierre sont des négociateurs rusés. Et ils ont gagné leur point. Ils ont obligé Champlain à répéter sa promesse d’assistance militaire dans toute la région de l’Outaouais, celui-ci a renouvelé, confirmé le traité de 1603.

  1. Œuvres de Champlain v. 2, p. 283.