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IROQUOISIE

Et comment ramener ces peuples à la traite ? Ils n’ont pas contracté le besoin de marchandises françaises. Le voyage qui les conduit à Montréal est long, pénible, dangereux. Les armes à feu ne sont pas entrées dans le commerce avec les indigènes et ne peuvent les allécher. Que faire ? Il ne reste qu’un moyen : faire jouer le puissant ressort qui meut ces Indiens : l’assistance militaire. Champlain décide donc de les visiter pour la leur promettre et pour faire des découvertes.

La force des circonstances conduit donc Champlain quand il s’embarque pour remonter l’Outaouais avec quelques compagnons. Un Algonquin le conduit. Il lui indique en passant la rivière Châteauguay par laquelle on peut se rendre chez les Iroquois. À l’entrée du lac Saint-Louis, les voyageurs construisent un retranchement pour la nuit, crainte des Iroquois « qui rôdent par ces lieux pour surprendre leurs ennemis ». Ils montent la garde.

Dans la région de L’Orignal, les Français rencontrent une quinzaine de canots algonquins. Ceux qui les montent sont déjà au courant de l’arrivée de Champlain. Un conseil a lieu tout de suite dans une île. Champlain déclare publiquement qu’il est de retour pour exécuter ses promesses ; si les Algonquins veulent organiser une expédition de guerre, il les accompagnera ; quelques-uns de ses compatriotes le suivront. Les Indiens sont satisfaits.

Champlain poursuit sa route. Les renseignements que ses guides lui donnent, à chaque pas, indiquent combien est ancien et toujours violent le conflit qui met Iroquois et coalition laurentienne aux prises. Ici, il apprend que, pour éviter la zone dangereuse de l’Outaouais inférieur, les Algonquins et les Hurons remontent la Gatineau, atteignent le Saint-Maurice par des portages et des lacs, pour enfin aboutir aux Trois-Rivières ; et là, il examine la rivière Rideau, qui est un chemin d’invasion ; les Iroquois la suivent pour surprendre leurs ennemis dans les embarras du portage de la Chaudière.