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IROQUOISIE

Champlain retourne à Paris. Son grand dessein s’est maintenant complété. Il veut former une société, y faire entrer les marchands, obtenir pour elle le monopole de la traite des pelleteries en Nouvelle-France, lui donner un protecteur puissant capable de maintenir ses privilèges, à la charge pour elle de maintenir les colonies canadiennes et de compléter la carte du monde en explorant le continent. Voilà la partie qui peut s’exécuter en France. La partie qui s’exécutera au Canada est la suivante : créer, en faveur de cette société, un volumineux courant de fourrures qui partira des Grands lacs, qui coulera vers Québec, et qu’alimenteront des tribus de plus en plus nombreuses.

Après de laborieuses et longues négociations, Champlain réussit en 1612 à constituer la Société dont il rêve. Il obtient dans cette affaire la lieutenance-générale du Canada, soit le poste de Gouverneur. Avant, il était un comparse ; maintenant, il est un chef. Une commission définit bien ses pouvoirs. Il reçoit l’autorisation de « traiter, contracter à même effet, paix, alliance, et confédération, bonne amitié, correspondance et communication avec lesdits peuples, et leurs Princes… entretenir, garder et soigneusement conserver les traités et alliances dont il conviendra avec eux… Et à ce défaut, leur faire guerre ouverte… »[1] C’est à partir de ce moment que Champlain est maître des relations entre Français, Algonquins ou Hurons et Iroquois. Auparavant, il était un sous-ordre.

Le même document prescrit à Champlain d’explorer le Canada. Il doit chercher la route qui conduit à la Chine ou aux Indes Orientales, question qui passionne en ce moment et à juste droit l’Europe savante. Mais encore hier, Champlain affirmait aux sociétaires que les Indiens du Canada ne le conduiraient pas sur les routes du continent à moins de recevoir des secours militaires.

Et ainsi, dès ce moment, trois affaires importantes : la traite, les découvertes, la permission de fonder des colonies, dépendent de l’assistance que la France

  1. Complément des Ordonnances et jugements des gouverneurs et intendants du Canada-Québec 1856 — v. 111, p. H.