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IROQUOISIE

séparant du continent les vastes provinces de l’Est. Mais l’une coule vers le nord, l’autre vers le sud, et un bourrelet de terre et de forêt les empêche de se joindre au lac Champlain. Les deux hommes, Champlain, Hudson, se rendront à une cinquantaine de milles l’un de l’autre ; puis ils retourneront vers leurs pays. Toutefois d’autres Européens passeront par cette route qui vient d’être découverte, et bientôt les Iroquois, eux aussi, auront à leurs portes une factorerie ou ils trouveront des marchandises européennes.

Au bassin de Chambly, des Hurons et des Algonquins quittent l’expédition, avec une partie des prisonniers. Ils sont « fort contents de ce qui s’était passé en la guerre, et de ce que librement j’étais allé avec eux ». Ils se dirigent vers Montréal. Champlain continue sa route avec une poignée de Montagnais. La crainte leur donne des ailes. Ils fournissent des journées de plus de vingt lieues ; les canots volent. Ils ont de mauvais rêves, la nuit, à l’embouchure du Richelieu ; et malgré le vent et la pluie, ils vont continuer leur sommeil dans les « grands roseaux » d’une île prochaine. Deux jours plus tard ils sont à Québec ; après un court séjour, ils partent pour Tadoussac. Avant d’arriver, ils pendent les scalps de leurs ennemis au bout de longs bâtons ; ils chantent des mélopées qui révèlent aux femmes et aux enfants sur la rive, le nombre des morts et des blessés ; les femmes plongent dans l’eau glaciale, elles atteignent les canots, elles se saisissent des scalps, les pendent à leur cou, chantent et dansent. Et quelques jours plus tard, Champlain recevra le cadeau d’un scalp et « d’une paire d’armes » iroquoises.


(1609)

Le même automne, Champlain est à Fontainebleau. Il présente le rapport de ses voyages au sieur De Monts. Il expose l’importance de la grande province qu’il a découverte au sud du Saint-Laurent. Il trace