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IROQUOISIE

va s’établir entre acheteurs et vendeurs de fourrures ; les uns et les autres ont des intérêts communs.

Le conflit éclate dès la fondation de la colonie française, parce que, durant cette période, les Iroquois sont singulièrement agressifs et dirigent continuellement leurs partis vers le Saint-Laurent. L’Iroquoisie du moment, n’est pas un pays timide, replié sur lui-même. Champlain ne la provoque pas chez elle ; En 1603, un gros parti iroquois n’était-il pas arrivé jusqu’à l’embouchure du Richelieu ? C’est là que l’armée algonquine lui inflige une défaite et lui tue une centaine de personnes.

Champlain et ses alliés en battront un second au lac Champlain, en 1609, mais celui-là aussi était en route vers la Nouvelle-France. Enfin, en 1610, ils en annihileront un troisième, mais sur les rives du Saint-Laurent même, au-dessus de l’embouchure du Richelieu. Les Français et les Algonquins ne vont pas provoquer les Iroquois chez eux, ils n’excitent pas la rancune de gens inoffensifs. Tout au contraire, ils repoussent en leurs propres pays, des attaques venues du dehors ; ils tentent d’y mettre fin.

Enfin, étant donné que les Iroquois ne reçoivent pas de marchandises européennes, qu’ils n’ont pas de postes de traite, alors que les Algonquins jouissent depuis longtemps de ces commodités, il est pratiquement certain que dès ce moment, ils conduisent leurs incursions en Nouvelle-France, soit pour s’emparer de ces marchandises, soit pour empêcher les Algonquins d’augmenter leurs forces en les recevant. Sinon, c’est le vieux conflit national qui sévit ; et il est, lui aussi, au détriment des Français et des Indiens du Canada, soit en mettant obstacle au commerce des pelleteries, soit en menaçant de destruction les pourvoyeurs de fourrures des Français, soit en rendant précaire l’établissement d’une colonie française.

L’expédition quitte donc Québec, Champlain est capitaine d’une barque, Pont-Gravé d’une autre. Cette dernière rebrousse chemin quelques jours plus tard. La flottille de canots s’avance sur le fleuve. Elle séjourne deux jours à l’embouchure du Richelieu