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IROQUOISIE

Au printemps de l’année 1609, il se rend à Tadoussac. Comme le temps est venu d’exécuter les promesses de l’été précédent, il organise avec les Montagnais une expédition de guerre contre les Iroquois. Une grande préoccupation le hante : découvrir. De retour à Québec, il ordonne d’armer une chaloupe et de la garnir de vivres. Le 18 juin, il remonte le fleuve. À quelques lieues de Québec, il rencontre de deux à trois cents sauvages « cabanés » près de l’îlot Saint-Éloi. L’invitation que les Français ont faite en 1608 au fils du chef Yroquet, a porté ses fruits : ce jeune homme l’a répandue parmi les tribus et maintenant les guerriers accourent : « Ayant toujours depuis désiré la vengeance, ils avaient sollicité tous les Sauvages que je voyais sur le bord de la rivière, de venir à nous, pour faire alliance avec nous »[1]. Et Champlain ne recule pas devant les conséquences de l’engagement de l’été précédent : « Je n’avais autre intention que d’aller faire la guerre, ne portant avec nous que des armes, et non des marchandises pour traiter, comme on leur avait donné à entendre et que mon désir n’était que d’accomplir ce que je leur avais promis… ». Des conseils ont lieu, des discours se prononcent. Champlain apprend que le détachement qu’il vient de rencontrer se compose d’Iroquets et de Hurons. La plupart des Indiens voient des blancs pour la première fois. Ils sont curieux. Ils veulent entendre le bruit des mousqueteries, visiter Québec qui leur paraîtra une merveille d’ingéniosité. Les festins se succèdent. Pont-Gravé arrive de Tadoussac avec deux barques. Et le départ pour l’expédition de guerre a lieu dans l’enthousiasme général.

La décision qui doit avoir tant de retentissement dans l’histoire vient donc d’être prise sans retour. Elle a fourni matière abondante à des divagations. Si l’on examine les textes tout d’abord, la responsabilité retombe non pas sur Champlain, le nouveau venu, mais sur Pont-Gravé, le vieux colonial. Elle retombe sur les compagnons de ce dernier qui ont informé de telle façon la Cour de France que celle-ci, dès 1603, a offert l’alliance militaire aux Algonquins

  1. Œuvres de Champlain, v. 2, p. 70 .