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IROQUOISIE

Algonquins qui ne connaissent pas la langue iroquoise et qui ont dû abandonner en route quatorze de leurs vingt quatre robes d’orignaux parce qu’ils n’ont pas trouvé de porteurs.

Les Agniers sont satisfaits. Ils veulent bien libérer le jeune français. Quant à Thérèse, « mariée depuis sa captivité »[1], ils promettent de la renvoyer prochainement. Mais elle ne reviendra pas assez tôt d’une expédition de pêche : les Français seront repartis.

Tout à coup, le missionnaire distingue dans l’assemblée un groupe d’Onnontagues. Il leur présente aussitôt un collier de 2,000 grains de nacre « pour leur faire entendre le dessein qu’avaient les Français de les aller voir en leur pays, et que par avance il leur faisait ce présent, afin qu’ils ne fussent point surpris à la vue de leurs visages »[2]. Pour s’y rendre, les Français peuvent suivre la route du Saint-Laurent jusqu’au lac Ontario, celle qui passe par le pays des Hurons ou celle qui passe par le pays des Agniers. Les sachems agniers disent qu’un seul chemin est sûr, celui qui passe par leur pays, les autres présenteraient trop de dangers, disent-ils. « … On n’y rencontre que des gens de guerre, des hommes peints et figures par le visage, des masses et des haches d’armes qui ne demandent qu’à tuer… »[3]. En un mot, les autres tribus iroquoises envoient des partis de guerre en ces quartiers. Le père Jogues donne quand même son présent, les Onnontagués promettent de le remettre aux sachems de leur tribu.

Le bref rapport fournit peu de détails sur les délibérations ou sur l’état des esprits. On sait cependant que le missionnaire consacre une partie de son temps à des travaux apostoliques. Il assemble des chrétiens il les instruit, il administre les sacrements, il visite les malades, il baptise quelques mourants. Dès ce moment il est décidé à revenir ; il communique son intention de laisser sur place, un petit coffre qu’il avait apporté ; les Iroquois « s’imaginaient que quelque malheur funeste à tout le pays était renfermé

  1. RDJ, 1646-16
  2. RDJ, 1646-16
  3. Idem, 1646-16