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IROQUOISIE

Le conseil s’ouvre. Pendant les débats, un iroquois se met à l’œuvre. Il a demeuré longtemps chez les Hurons comme prisonnier ; ses compatriotes ont pu le libérer au cours d’une attaque. Et maintenant, il se glisse parmi les guerriers hurons. Il en trouve un bon nombre qui sont mécontents de n’avoir pas été appelés au conseil. Pour exciter leur jalousie, il leur laisse entendre que leurs capitaines sont justement en train de les trahir pour de beaux cadeaux. Aux incrédules, il offre des présents pour les corrompre. Enfin, il agit avec tant d’habileté, de ruse, que des groupes importants de Hurons quittent le parti et que les autres ont peur. Soudainement, les Iroquois se lancent à l’attaque ; ayant repris tout leur sang-froid, ils changent une défaite probable en une victoire certaine. Nombre de Hurons trouvent le salut dans la fuite, mais les autres sont massacrés ou demeurent captifs entre les mains de l’ennemi.

La petite guerre se poursuit activement. « Nos Hurons…, disent les Relations, à leur tour, ont eu du succès en leurs armes, ont mis en fuite l’ennemi, en ont remporté des dépouilles et quelque nombre de captifs, qui ont servi de victimes à leurs flammes et aux feux de joie qu’ils en ont fait, avec les cruautés ordinaires à ces peuples »[1]. Parmi les convertis de Huronie, les jésuites mentionnent aussi « quantité de captifs iroquois que nous avons baptisés au moment de leur mort… »[2]. Enfin, comme d’habitude, il faut signaler la moisson ordinaire des meurtres commis ici et là, à l’écart, par des Iroquois en maraude. Somme toute les succès sont partagés. Ni les uns, ni les autres ne remportent de grands succès.

Comme au temps de la guerre de Troie, quelques actions d’héroïsme s’accomplissent. Recevant avis qu’un parti iroquois vient attaquer la bourgade Saint-Joseph, de jeunes guerriers montent la garde toute la nuit, dans les galeries, au haut des palissades. Ils chantent à tue-tête, la forêt retentit de leurs clameurs. Mais au matin, leur ardeur se calme en même temps que leur vigilance. Tous ces cris ont attiré des Iroquois qui rôdent dans les alentours.

  1. Idem, 1646-55
  2. Idem, 1646-76