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IROQUOISIE

Montmagny dit encore, par la bouche de Couture, qu’il tiendra toujours allumé aux Trois-Rivieies un feu de conseil ; qu’il desire la libération du petit français toujours prisonnier et de la petite Thérèse. Les Ursulines s’attristent à la pensée de leur pauvre élève éloignée de tous secours religieux. Elles n’ont rien épargné pour lui procurer la liberté. Montmagny ne perd « aucune occasion de la tirer de cet esclavage, et d’y contribuer de tout son pouvoir »[1].

Tessouat ou Le Borgne de l’Isle parle tout de suite après Couture. Il est le chef des Algonquins de l’Île des Allumettes. Il est, comme disent les Relations, un « homme défiant et soupçonneux au possible », il « avait peur que les Français ne fissent leur paix en particulier, sans se mettre en peine des Sauvages leurs alliés »[2]. Il a vraisemblablement écouté et pesé toutes les rumeurs relatives à la clause secrète, il parait assez convaincu qu’elle existe et que les Algonquins sont menacés. Mais en face des dénégations, il ne peut aborder le sujet directement. Il commence donc sa harangue par « une chanson assez lugubre ». Il prie le soleil d’éclairer la sincérité des cœurs et des intentions ; « la rupture de la paix ne proviendrait point de son côté » ; il présente deux robes de peaux d’orignaux, « ajoutant qu’il avait quelque défiance des Agniers, qu’il voulait bannir par ce présent »[3] ; enfin le troisième présent contenait « une humble prière à Onontio à ce qu’il ne marchât point tout seul en assurance dans les chemins qu’il avait aplanis et frayés, mais que ce bonheur fut aussi commun aux Algonquins et aux Hurons… ». Enfin il redoute l’abandon, non seulement pour sa propre tribu, mais encore pour tous les Algonquins et tous les Hurons. Et d’autant plus facilement qu’il est chef d’un clan qui ne penche pas vers la conversion et qui est rempli de superbe et de perversité.

Après cette saillie qui plait bien peu aux Français, il ajoute que ses compatriotes ont abandonné la hache de guerre et qu’ils ne molesteront pas les Agniers qui viendront aux postes français. Un peu communiste avant la lettre, il demande « que la

  1. Idem, p. 1646-7
  2. Idem, 1646-8
  3. Idem, 1646-7