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IROQUOISIE

Algonquins de Sillery pourraient bien faire un mauvais parti à l’Iroquois au passage. Le Gouverneur doit canceller la permission. L’Agnier demeure au magasin de la compagnie.

Le 23 janvier, Pierre Boucher arrive des Trois-Rivières avec Toupin, son beau-frère, et l’Agnier des Trois-Rivières. Ce dernier veut retourner en son pays avec l’Agnier de Québec. Les trois voyageurs apportent des lettres, qui disaient « que tout ce qu’avait dit le Huron Tandihetsi était faux, au moins pour la plupart »[1]. Quatre jours plus tard Atironta revient à son tour. Il croit aussi que la nouvelle était fausse : « Le conseil pour lequel il était allé aboutit à rien ; chacun niait avoir été auteur des bruits, et en rejetait la faute sur son compagnon »[2].

En un mot, l’existence de la clause secrète paraît maintenant douteuse à la foule. Ceux qui savent se tiennent cois. D’autres nient la nouvelle. Mais ces dénégations ne rendront pas aux Algonquins la quiétude parfaite qu’ils ont perdue. Déjà défiants et réticents durant les conseils de 1645, ils sont vivement alarmés par les derniers incidents. C’est qu’ils connaissent bien, eux, leurs ennemis invétérés et qu’ils ne croient pas que la réconciliation soit sincère. Ils se sentent obscurément menacés. Enfin, les deux Agniers partent le trois février pour l’Iroquoisie : « Ils faisaient état de s’en retourner aux Trois-Rivières ; mais on se doutait qu’ils dussent passer outre : il y avait longtemps qu’ils faisaient instance pour s’en retourner ; on eut bien de la peine de les arrêter jusques à ce jour, qu’ils partirent bien ajustés de tout. L’un et l’autre firent les endiablés pour se faire donner leur congé, l’un aux Trois-Rivières, l’autre ici »[3].

Le traité de l’an précédent paraît donc bien mal en point. Mais trois semaines plus tard, sept Agniers députés par leur tribu, se présentent à Montréal avec Guillaume Couture et deux Hurons. C’est le retour de l’ambassade qui n’avait pu revenir l’automne précédent.

  1. Idem, p. 30
  2. Idem, p. 30
  3. Idem, p. 31-2