Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.
328
IROQUOISIE

étonnons de votre hardiesse, leur dit-on, ou plutôt de votre témérité ; vous nous jetez la honte sur le visage, vous nous faites passer pour des fourbes. Onontio… aurait sujet de dire… je pensais agir avec de vrais hommes, et j’ai traité avec des trompeurs et avec des fourbes »[1]. Les Agniers éprouvent aussi des craintes pour leurs otages en Nouvelle-France et ils chassent les Mohicans chargés de leurs funestes cadeaux : « S’il y a de la tromperie dans cette action, elle est plus que très raffinée… », dit le missionnaire qui tient la plume.

Le vol des canots qui empêche Couture de partir immédiatement, le massacre de Sillery indiquent peut-être que la tribu des Agniers n’est pas unanime au sujet du traité de 1645 et que les dissidents prennent ces moyens détournés pour l’empêcher. C’est une simple supposition. Des incidents pareils se produiront assez souvent cependant pour que ce soupçon ne manque pas complètement de fondement.

Les Français, Hurons et Algonquins qui sont maintenant au pays des Agniers, sous la direction de Guillaume Couture, ne reviendront pas en Nouvelle-France avant une couple de mois. L’automne est maintenant avancé, et c’est une mauvaise saison pour voyager. Aucun document n’apportera de renseignements supplémentaires sur cette ambassade. Si les Agniers ont abordé directement la question des fourrures, personne ne l’a révélée.


(1645)

Le traité de paix apporte la joie, mais non la tranquillité. Malgré leurs promesses, les Agniers ne libèrent pas leurs prisonniers algonquins ou hurons. En novembre, deux d’entre eux s’échappent de l’Iroquoisie. Et, d’après le journal des jésuites, ils reviennent avec de mauvaises impressions : « Ils rapportaient que les Agniers n’avaient aucune bonne volonté pour les Algonquins »[2]. Dès octobre, les Algonquins sont nerveux, ils crai-

  1. RDJ, 1646-5
  2. Journal des Jésuites, p. 14