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IROQUOISIE

La tuerie a eu lieu non loin de Sillery vers le 12 octobre 1645. L’un des Algonquins était chrétien fervent ; les deux autres étaient des jeunes gens récemment convertis. Un quatrième, blessé à mort et qui devait en effet trépasser un peu plus tard à l’hôpital de Québec, était l’un des principaux personnages de la réduction. Les Mohicans avaient aussi abandonné comme morte sur le champ de bataille, la propre femme de ce dernier ; ils l’avaient à demi scalpée. Mais elle devait se rétablir.

Cette affaire a excité une commotion dans la Nouvelle-France. Français et Algonquins ont cru tout d’abord que les Agniers avaient commis ce crime et qu’ils rompaient le traité qu’ils venaient de conclure. Pendant l’enquête, il devint évident que les meurtriers ne parlaient pas la langue iroquoise et qu’il fallait chercher ailleurs. Les Algonquins renoncèrent alors à immoler les otages agniers qui vivaient en Nouvelle-France au nombre de cinq. Mais Piescaret jugea prudent de renvoyer deux ou trois d’entre eux qui suivaient son parti de chasseurs, crainte de représailles de la part des siens, surtout des jeunes guerriers. Peu après, les soupçons se portèrent sur les Mohicans ; les Algonquins se rappelèrent en effet qu’ils avaient tué deux Indiens de cette tribu en Iroquoisie, quelques mois plus tôt, et qu’ils en avaient capturé un troisième. Après avoir été soigné à l’hôpital de Québec, ce dernier avait été renvoyé par les Français.

Les otages agniers qui retournent en Iroquoisie avisent leurs compatriotes de l’affaire. Le journal des jésuites ajoute aussi ce qui suit : « … On en donna avis à Couture, afin que si c’étaient Agniers, il sut qu’en cas qu’on satisfit, la paix ne serait point rompue »[1]. En un mot, pour maintenir intact le traité de paix, les Français pardonneraient cette attaque à condition que les Agniers offrent une satisfaction selon les données de la justice indienne. Les Mohicans ne reçoivent pas l’accueil qu’ils attendaient, quand ils présentent aux Sachems agniers les chevelures algonquines : « Nous nous

  1. Journal des Jésuites, p. 5