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IROQUOISIE

ils croyaient que ces différends étaient de surface et cachaient une collusion cachée. Mais peu à peu, on en revient à une conception plus réaliste. Comment croire à une collusion dans le cas actuel, quand les Agniers dénoncent leurs compatriotes, les Onneyouts, indiquent la présence d’un parti onneyout dans les alentours de Montréal et l’exposent ainsi à des dangers ? Ces faits indiquent plutôt, comme on l’a déjà signalé, que la Confédération iroquoise n’a pas encore atteint à la cohésion et à l’unité qu’elle aura plus tard.

Le cinquième présent remercie Onontio d’avoir rendu l’esprit aux Algonquins, « ce que nul autre n’avait pu faire devant lui » ; et, enfin, le sixième, le supplie d’« allumer des feux dans toutes les habitations de son gouvernement, afin que toutes les nations s’y venant chauffer en assurance, puissent écouter sa voix et jouir de son amitié ; et, en cas qu’il arrive quelque différend, qu’il soit l’arbitre des Iroquois, des Hurons et des Algonquins »[1].

Accompagné de sept nouveaux ambassadeurs, Couture se met en marche pour le retour. Tous atteignent le lac soit Champlain, soit Saint-Sacrement, mais là, ils ne retrouvent point les canots. Ils doivent revenir à la première bourgade, et, en y arrivant, ils rencontrent des ambassadeurs mohicans. Un conseil s’assemble aussitôt, et leur réserve une grosse surprise.

Les Mohicanis sont à ce moment des alliés des Iroquois. Et des alliés serviles. Leur orateur prend la parole et fait la déclaration suivante : « Il y a longtemps que je vous ai entendu dire que les Algonquins étaient vos ennemis irréconciliables, et que vous les haïssez au-delà du tombeau, en sorte que si vous les pouviez rencontrer en l’autre vie que votre guerre serait éternelle… »[2]. Alors, pour plaire aux Agniers, entrer dans leurs intérêts, les Mohicans ont massacré trois Algonquins. Ils exhibent les chevelures de ces victimes devant leurs auditeurs ébahis. Et ils ajoutent qu’ils en ont peut-être tué d’autres.

  1. Idem, 1646-5
  2. Idem, 1646-5