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IROQUOISIE

pays » et du fait « que les peuples d’icelui sont disposés à recevoir la connaissance de Dieu ». Sa Majesté veut continuer l’habitation de la Nouvelle-France ; comme le sieur De Monts s’offre pour cette entreprise, elle veut, pour lui donner « quelque moyen et commodité d’en supporter la dépense », lui accorder le droit exclusif « de trafiquer de pelleteries et autres marchandises »[1] Puis Henri IV signe cette pièce officielle où sont liés d’intime façon la fondation d’une colonie et le commerce des fourrures. D’un coup, ce dernier acquiert une importance nationale : selon qu’il sera plus ou moins lucratif, qu’il apportera plus ou moins de recettes, la nouvelle colonie sera plus ou moins florissante. S’il est jamais ruiné, la colonie tombera avec lui.

Le voyage de fondation s’organise. Champlain est chargé de la « lieutenance » ; il hivernera au Canada. Quant à Pont-Gravé qui connaît le pays depuis longtemps, il « était député pour les négociations, avec les sauvages du pays, et ramener avec lui les vaisseaux »[2] ; c’est lui qui conduira pour ainsi dire les affaires extérieures.

Champlain revient sur le fleuve qu’il a si bien observé en 1603. Cinq ans se sont écoulés. L’habitation se construit à Québec dans le même temps que la traite ordinaire se poursuit à Tadoussac. Les Algonquins y accourent très nombreux. Parmi eux se trouve le fils d’un chef indien du Haut-Canada, Yroquet. Pont-Gravé et Champlain ont une entrevue avec lui. Ils lui expriment leur volonté de « les assister contre leurs ennemis, avec lesquels ils avaient, dès longtemps, la guerre, pour beaucoup de cruautés qu’ils (les Iroquois ) avaient exercées contre leur nation, sous prétexte d’amitié »[3]. Comme cette décision rentre dans le chapitre des relations avec les sauvages, c’est Pont-Gravé qui en est responsable au premier chef. Pourquoi a-t-il pris cette décision ? Aucun récit ne nous renseigne sur les péripéties de la guerre entre Algonquins et Iroquois, de 1603 à 1608, c’est-à-dire durant les cinq dernières années. Peut-être y trouverait-on une explication. Champlain reste muet.

  1. Œuvres de Champlain, v. 1. p. 110.
  2. Idem, v. 2. p. 4.
  3. Idem, v. 2. p. 69.