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IROQUOISIE

les Iroquois peuvent-ils concevoir pour ces petits groupes cantonnés dans les forts, non acclimatés au pays, qui ne savent se battre ni dans la forêt ni sur l’eau ? Les Agniers à eux seuls comptent au moins deux fois plus de guerriers que les Français ne comptent d’hommes valides. La Nouvelle-Hollande, dont l’état est le même, devra elle aussi, se débattre continuellement dans des guerres avec les Indiens de l’Hudson.


(1645)

Mais il convient de donner à cette paix ses véritables limites. Tout d’abord, des tribus indiennes sont parties à ce traité. Et selon les mœurs indiennes, n’importe quel particulier ou n’importe quel clan peut le violer à la moindre fantaisie, sous le moindre prétexte ; il suffit d’un mécontentement, d’un rêve, d’une bouffée de vengeance montant à la tête du premier venu, pour tout remettre en question. Tous les peuples du nord-est de l’Amérique en sont là, les Iroquois comme les autres. C’est à ce danger que mène, dans le domaine international, la liberté absolue dont jouit chaque individu.

La paix n’est définitive ensuite qu’entre Agniers et Français. Voici sur ce point un témoignage précis qu’il faut ajouter aux autres : « Je dis donc en premier lieu, que sous le nom d’Iroquois, nous avons jusques à maintenant compris plusieurs nations confédérées, toutes ennemies des sauvages qui nous sont alliés : ces nations ont leurs noms particuliers, les Agniers, les Onneyouts, les Onnontagués, les Tsonnontouans et autres. Nous n’avons encore proprement la paix qu’avec les Agniers, qui sont les plus voisins de nos habitations et ceux qui nous donnaient plus de peine ; dorénavant nous les distinguerons par leurs noms propres et particuliers afin d’éviter la confusion »[1].

Les autres tribus n’ont pas envoyé de députés malgré les invitations répétées du Gouverneur géné-

  1. Idem 1646-3