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CHAPITRE III


(1608)

En 1604, la France ajourne ses projets de colonisation au Canada. Champlain se rend en Acadie où il dépensera trois années. Il s’enrichit d’expérience et d’observations. De retour à Paris, il s’abouche avec le sieur de Monts. Il a visité la Nouvelle-Écosse, les côtes de la Nouvelle-Angleterre où les Puritains doivent bientôt aborder. Son choix est fait. Il opte délibérément pour le Canada. Cette décision paraît maladroite. Quels en sont les motifs ? Il est convaincu que la France consacrera peu d’argent et peu d’hommes à cette entreprise. La future colonie doit se fonder dans un lieu où, faible pendant longtemps, elle pourra se défendre avec peu de forces, ou sera pratiquement hors de la portée de l’agresseur. L’Acadie, les côtes du continent, sont trop exposées aux attaques. En second lieu, vu l’incurie des pouvoirs publics, la future colonie doit se trouver des ressources pour vivre et subsister. Champlain croit que le commerce des fourrures peut les fournir ; et qu’en ce cas, le fleuve Saint-Laurent est tout indiqué : il s’enfonce loin dans l’intérieur et de nombreuses tribus, il le sait, viendront faire le troc des pelleteries.

Champlain est responsable du choix de l’emplacement de la Nouvelle-France. Mais pour y arriver, il a dû s’enfermer dans les limites étroites du possible. Il convainc ensuite De Monts, le grand seigneur influent. Celui-ci obtient la commission royale. Mise au courant « de la bonté, et fertilité des terres dudit