peuples. Puis les Français, comme on l’a vu, ont invité toutes les tribus iroquoises à envoyer des députés ; ils désiraient en particulier la présence de quelques Onneyouts. Une seule tribu a acquiescé, celle des Agniers. L’invitation est demeurée lettre morte pour les autres. Les Agniers négocient pour leur compte seulement. Et ce seul fait enlève au traité une grande partie de son utilité et de son importance. Cet instrument ne peut offrir aucun soulagement important aux Hurons qui doivent faire face avant tout aux attaques des Tsonnontouans.
La cérémonie ne se termine cependant pas tout de suite. Piescaret présente un cadeau au nom des Algonquins. Il demande aux Agniers d’oublier le massacre de quelques uns des leurs dans l’île du lac Champlain. Noël Négabamat parle au nom des chrétiens de Sillery. Les Français tirent trois coups de canon « pour chasser le mauvais air de la guerre ». Un Huron tente de semer la défiance entre Iroquois et Français ; sa nation supporte avec impatience toute bonne entente entre les deux peuples ; elle craint que les Français n’accordent leur amitié aux Iroquois et n’abandonnent les Hurons. La jalousie fera toujours rage dans des occasions pareilles. Puis le père Vimont, supérieur des Jésuites, reçoit les ambassadeurs dans sa résidence des Trois-Rivières. Il leur offre du pétun, des calumets, des présents divers. Les Jésuites pensent toujours à leur œuvre de conversion.
Enfin, le 15 juillet, à dix heures du matin, les ambassadeurs quittent les Trois-Rivières en compagnie de deux Français. De la chaloupe, Kiotsaton prononce une harangue d’adieu : « … Onontio, ton nom sera grand par toute la terre… ». Les Indiens tirent des coups d’arquebuse, le canon tonne sur le fleuve.
Des ambassadeurs agniers reviendront dans une couple de mois après avoir soumis les propositions françaises et algonquines aux conseils de leur nation. C’est alors que le traité sera vraiment ratifié. Des représentants des Algonquins et des Hurons, dûment attitrés, devront se trouver à la cérémonie.