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IROIQUOISIE

qui possèdent, chacun, leur signification. Guillaume Couture est l’orateur des Français. Il parle en iroquois ; il utilise tout l’assortiment des clichés et des métaphores qui constituent le bagage ordinaire des ambassadeurs. Il faut d’abord remercier celui qui a tout fait, couvrir de vêtements les prisonniers qui retournent en leur pays, leur aplanir la route ; il faut offrir des remerciements pour sa libération, effacer le souvenir des morts, rendre facile la route fluviale. Un présent invite « les canots des Iroquois agniers à nous venir voir, pour manger avec nous, pour pêcher en nos rivières des barbues, éturgeons et castors, et chasser dans nos forêts des orignaux ». La réception sera bonne. Tous au Canada sont contents de la paix. Les Iroquois doivent attendre cependant que les Iroquets, les Algonquins supérieurs et les Hurons expriment leur pensée. Les Français promettent que les Hurons viendront bientôt. Ils se disent les amis des Onneyouts. Ils offrent leurs remerciements pour la libération du père Jogues ; ils demandent celle de la petite Thérèse de Marie de l’incarnation et d’un jeune prisonnier français qui est sans aucun doute le domestique du père Bressani. Enfin Couture assure que ses compatriotes considèrent les Tsonnontouans et autres peuples iroquois comme leurs alliés. Et chaque fois que Couture exhibe un présent, les ambassadeurs agniers poussent une exclamation gutturale de satisfaction.

« Ainsi, dit la Relation, fut conclue la paix avec eux à condition qu’ils ne feraient aucun acte d’hostilité avec les Hurons, ou envers les autres Nations nos alliées, jusques à ce que les principaux de ces Nations qui n’étaient pas présents eussent agi avec eux »[1]. La paix est donc conclue entre Agniers et Français, à condition que les premiers n’attaquent ni les Hurons ni les Algonquins tant que ces derniers n’auraient pas négocié avec eux. Mais entre Agniers et Hurons, Agniers et Algonquins, ce n’est qu’une trêve : les capitaines les plus importants des tribus canadiennes ne sont pas présents pour engager leurs

  1. Idem, 1645-28.