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IROQUOISIE

ne peuvent étendre leur champ d’évangélisation. Toutes communications sont interrompues avec l’ouest, et même elles sont difficiles entre les postes. Faute d’assistance de la part de la France, Montmagny n’a plus qu’à demander la paix dans l’attente de jours meilleurs.

L’ancien prisonnier agnier atteint enfin son pays. Il apporte des lettres à Guillaume Couture capturé en 1642 dans le même temps que le père Jogues et « que les Iroquois tenaient parmi eux en estime et réputation comme un des premiers de leur nation. Aussi tranchait-il parmi eux du capitaine, s’étant acquis ce crédit par sa prudence et par sa sagesse »[1]. Couture est donc le premier Français à conquérir une grande influence en Iroquoisie, après y avoir été adopté, et à jouer dans ce pays ennemi même un rôle favorable à la France. Comme plusieurs de ses successeurs aussi, il s’élèvera chez ce singulier peuple, de l’état de prisonnier à celui de chef.

Couture lit les lettres qu’il reçoit de la Nouvelle-France. Accompagné du prisonnier libéré, il se rend auprès des sachems agniers « pour délibérer sur les propositions de la paix, tant avec les Français qu’avec les nations qui leur sent alliées »[2]. Un conseil s’assemble immédiatement. Il consent à envoyer deux grands capitaines pour conduire aux Trois-Rivières les négociations nécessaires. Il éprouve des craintes au sujet de leur sécurité au Canada, mais en définitive tous « faisaient fond sur Couture », en qui ils ont confiance.

Un mois environ s’écoule. Soudain, M. de Senneterre, au fort Richelieu, voit arriver ces ambassadeurs en compagnie de Couture. Il leur fait abandonner leur canot, il met une chaloupe à leur disposition, il leur fournit une escorte. Le cinq juillet, cette embarcation surgit devant les Trois-Rivières. Parmi les arrivants se trouve le prisonnier libéré quelques semaines plus tôt ; puis Kiotsaton, sachem de la tribu des Agniers et personnage éminent, vêtu d’un costume d’apparat, harnaché de colliers de grains de

  1. Idem, v. 4, p. 25.
  2. Idem, v. 4, p. 27.