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IROQUOISIE

Les hostilités continuent, bien qu’à un rythme moins rapide. Le 14 septembre, un soldat travaille dans le champ, à une portée de mousquet des palissades du fort Richelieu. Quatre ou cinq Iroquois surgissent de la forêt, ils le capturent sans le blesser tant la surprise est parfaite. Mais le prisonnier se cramponne si énergiquement à une souche que les ennemis ne peuvent l’en arracher. Alors, ils lui assènent des coups de hache sur la tête ; et, constatant que la garnison les a découverts et tire déjà sur eux, ils s’enfuient, laissant leur victime pour morte. Le soldat se relève alors et marche vers le fort. Deux autres Agniers reviennent et lui donnent deux coups d’épée. Le Français s’affaisse de nouveau. Le chirurgien accourt malgré le danger ; il arrête l’épanchement du sang parmi les balles qui sifflent autour de lui. Ce soldat a reçu six blessures graves. Il se rétablira quand même.

Le 7 novembre, un jeune homme quitte l’enceinte pour chasser. Vite entouré d’un parti d’Agniers dissimulés dans les broussailles, il est mis à mort et scalpé.

Une troisième tragédie se produit le 12 novembre. Une couche de neige couvre le sol. Sept soldats sortent du fort pour couper du bois de chauffage. Ils chargent un traîneau et maintenant ils le halent avec effort. Soudain, un parti iroquois fond sur eux. Chaque Français a enroulé la corde autour de sa taille pour mieux tirer. Les plus habiles à se dégager s’enfuient. L’un d’eux n’y réussit pas, il reçoit des coups de tomahawk, il est renversé par terre et en partie scalpé. À ce moment la garnison accourt et tire sur l’ennemi. Le blessé se relève. Il a reçu sept à huit coups de hache ; il ne reprend connaissance qu’au bout de trois jours. Mais il se rétablira lui aussi.

Le fort Richelieu est constamment sous surveillance.