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IROQUOISIE

des tribus de la coalition laurentienne de s’approvisionner à Tadoussac et s’emparer d’objets de traite. Lors du premier combat qu’il leur livrera, Champlain trouvera de vieilles haches de fer entre leurs mains ; ils les avaient volés à des Algonquins.

Tous ces faits sont d’une importance primordiale pour les Français qui songent à établir une colonie fondée sur les bénéfices de la traite des pelleteries. À cet effet, il leur en faudra de grosses quantités. Champlain doit donc songer immédiatement à libérer la voie par laquelle elles viennent du caillot de sang qui l’obstrue en construisant aux Trois-Rivières un poste fortifié.

Champlain s’avance ensuite en barque dans le secteur dangereux du fleuve. Il atteint le Richelieu déjà célèbre sous le nom de « rivière des Iroquois ». Un premier détachement a remporté à l’embouchure une première grande victoire au printemps ; un second détachement est maintenant posté au même endroit. Il occupe l’un des angles : « leur forteresse est faite de quantité de bâtons fort pressés les uns contre les autres, laquelle vient joindre d’un côté sur le bord de la grand’rivière, et l’autre sur le bord de la rivière des Iroquois ». Les canots sont rangés sur la grève. Des morceaux d’écorce de chêne couvrent le réduit.

Entre les forêts de pins, Champlain suit la rivière jusqu’aux premiers rapides. Les guides lui expliquent la topographie du pays. Ils lui donnent connaissance du lac Champlain, du lac Saint-Sacrement, de l’Hudson, de l’Iroquoisie elle-même : « Tout le pays des Iroquois est quelque peu montagneux, néanmoins pays très bon, tempéré, sans beaucoup d’hiver, que fort peu ».

À Montréal encore, Champlain recueille des renseignements sur le grand conflit. Les Algonquins empruntent la rivière Saint-Hubert pour atteindre le bassin de Chambly et de là se rendre en Iroquoisie. La coalition laurentienne remonte aussi la rivière Oswego, qui se jette dans le lac Ontario, pour déboucher en plein cœur du pays ennemi, à Onnontaé, la capitale. Cette région est « terre montaigneuse » ;