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IROQUOISIE

façons d’agir des sauvages »[1]. L’initiative est donc laissée aux Hurons ; ils connaissent mieux les mœurs iroquoises, les coutumes indiennes, le milieu, et ils ont meilleure chance d’aboutir au succès. Toutes les espérances actuelles sont fondées sur le fait que l’un des captifs, qui se nomme Totiakencharron, est un notable dans sa nation ; et les Iroquois entrent presque toujours dans des négociations, ils concluent même la paix pour obtenir la libération de leurs prisonniers, et surtout de leurs capitaines et sachems. Ces peuples simples se plient avec souplesse aux circonstances.

Montmagny décide ensuite de fournir une escorte aux Hurons qui retournent en leur pays. Un gros convoi de soixante canots se forme aux Trois-Rivières. Il est tout d’abord monté par le parti qui vient de combattre sur le Richelieu ; puis par vingt-deux des soixante soldats qu’Anne d’Autriche a envoyés dans la colonie. Les pères Jean de Brébeuf, Léonard Garreau et Chabannel les accompagnent. Le deux août, Marie de l’Incarnation écrira quelques lignes à ce sujet : « Maintenant ces barbares tiennent les avenues de la rivière, commençant à quatre lieues au-dessus de Québec, jusqu’à soixante lieues au delà, pour y guetter Français et Sauvages. Monsieur notre Gouverneur y est allé en compagnie de plusieurs soldats, afin d’y faire passer ces pauvres Hurons, Algonquins et notamment nos RR. PP. de la Mission qui montent aux Hurons et Nipissiriniens, que les Iroquois attendent de pied coi pour les emmener en leur pays avec leurs marchandises »[2]. Ce convoi arrivera le sept septembre en Huronie.

Et quand Marie de l’Incarnation écrit que le fleuve est bloqué à quatre lieues en amont de Québec, elle pense sans doute à un incident qui vient de se produire. Un Abénaquis a quitté Sillery avec un compagnon pour retourner en son pays. Tous deux doivent suivre le cours de la Chaudière. Ils ne reparaîtront jamais. En les cherchant, on découvrira des pistes d’Iroquois.

  1. Idem, 1644-49.
  2. Marie de l’Incarnation, Écrits spirituels et historiques, v. 3, p. 350.