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IROQUOISIE

pierres ardentes. M. Champflour, gouverneur de la place, leur envoie demander de suspendre leur colère ; il est nécessaire d’avertir Montmagny « et que l’affaire est d’importance »[1].

Montmagny est immédiatement avisé de la capture des prisonniers. Car les Français ont formé le projet suivant : « …On pouvait traiter de paix par l’entremise de ces captifs, que la paix était le bien et le salut de tout le pays »[2]. Mais ce n’est pas petite entreprise que de calmer la fureur algonquine : le bûcher est prêt, Indiennes et Indiens ont la torche à la main. On fait intervenir les Algonquins catholiques ; ils calment leurs compatriotes.

Montmagny veut aussi que les Hurons lui abandonnent leurs deux prisonniers. Ceux-ci font la sourde oreille. Des Algonquins suggèrent alors au Gouverneur de convoquer un conseil, d’inviter les Hurons, de leur offrir des présents en échange de leurs captifs. Alors, par une belle journée, Montmagny fait déposer dans la cour du fort « trois grands présents, composés de haches, de couvertures, de chaudières, de fers de flèches et de choses semblables ». Et il invite les principaux chefs algonquins et hurons qui sont aux Trois-Rivières.

Un interprète explique la signification des présents. Et d’autre part, « il les avait déjà fait presser puissamment, et leur avait représenté par de fortes raisons qu’il était très important qu’ils fissent la paix avec leurs ennemis, et que l’unique moyen était de renvoyer un de ces captifs, qui disposerait ses compatriotes à un bon accord et à une bonne paix entre toutes ces nations »[3]. Les Algonquins livrent immédiatement leur prisonnier qui ne peut plus marcher ; ils acceptent les présents offerts. Pleins de respect pour le Gouverneur, ils expriment leur besoin de paix d’une façon énergique et imagée.

Mais les Hurons ne sont pas traitables. L’un de leurs capitaines prononce un discours dédaigneux : « Je suis homme de guerre et non pas un marchand, dit-il, je suis venu pour combattre, et non en marchandise ; ma gloire n’est pas de rapporter des présents,

  1. Idem, 1644-47.
  2. Idem, 1644-47.
  3. Idem, 1644-47.