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IROQUOISIE

leur révèle encore qu’une dizaine d’ennemis ont quitté le parti principal « pour aller à la chasse des Français… » ; dans le moment, ces maraudeurs sont à l’affût, près du fort Richelieu, « cachés derrière des broussailles et des arbres, où ils attendaient que les Français sortissent le matin pour aller visiter des rets tendus bien proche de leur fort ». Les Hurons forment immédiatement le dessein d’attaquer ces malheureux. Ils les localisent bientôt. Ils tentent de les entourer. Mais, entendant du bruit, les Iroquois « se lèvent comme une volée de perdrix effarées ». Pas assez vite cependant pour éviter tous la capture, car trois d’entre eux restent aux mains de leurs ennemis. Un huron est blessé mais il guérit bientôt après.

Ce détachement iroquois posté sur le Richelieu, attend sans doute le passage d’un convoi de pelleteries. Il est relativement puissant. Ne se jugeant plus en sûreté, Hurons et Algonquins retournent aux Trois-Rivières avec leurs prisonniers. Ils s’y présentent le 26 juillet, vers quatre heures du matin. La population aperçoit un premier canot ; les cris annoncent qu’un Huron est mort, ce qui se trouva faux. Mais bientôt, ce sont des voix joyeuses qui s’entendent : une quinzaine de canots « s’en venaient doucement au gré de l’eau, portant environ quatre-vingt soldats qui frappaient de leurs avirons sur le bord de ces canots chantant tous ensemble, et faisant danser les prisonniers à la cadence de leur voix et de leur bruit ; ils étaient tous assis dans ces petits bateaux d’écorce, excepté les trois pauvres victimes, qui paraissaient par-dessus les autres, qui chantaient aussi courageusement que les victorieux, faisant paraître au bransle de leur corps et au regard de leurs yeux que le feu et la mort qu’ils attendaient, ne leur faisaient point peur »[1].

Les triomphateurs s’en vont dans les wigwams des Algonquins. Le prisonnier qui est échu à ces derniers subit sur les lieux quelques tortures préliminaires, comme de lui arracher les ongles, de lui couper les doigts, de lui brûler les pieds avec des

  1. Idem, 1644-46.