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IROQUOISIE

sur ses pas. Au lac, il découvre des traces de l’ennemi. Mais il atteint le fort Richelieu sans l’avoir vu. C’est la nuit ; quelques guerriers se reposent et les autres partent à l’aventure sur le Richelieu.

L’obscurité est presque complète. Les canots hurons naviguent sans bruit. Ils passent sans s’en apercevoir à travers une avant-garde de trente Iroquois environ qui étaient à l’affût « pour découvrir si quelques Français ou quelques Sauvages de nos aillés ne paraîtraient pas sur l’eau ou sur la terre »[1].

Ils poursuivent leur route, ils se rendent assez loin, et ils aperçoivent enfin « quantité de feux dans les bois… ». Après s’être assurés que ce sont des Agniers qui bivouaquent là et qu’ils sont en grand nombre, les Hurons font volte-face pour revenir au fort. Ils s’assemblent pour se consulter, et quand ils arrêtent, ils entendent « deux canots qui voguaient à force de rames ».

À ce moment-là, les Hurons sont pris entre le gros de l’armée ennemie, et son avant-garde, à travers laquelle ils ont passé, mais qui a entendu des bruits et qui remonte maintenant la rivière pour s’assurer qu’il n’y a personne. Leur position est donc critique. Ils décident immédiatement de continuer leur route vers le fort en culbutant cette avant-garde. Aussitôt, ils « se battent à coups d’arquebuses et de flèches sans grand effet, parce qu’il était nuit… »[2] Mais ils passent pendant que les sentinelles iroquoises rallient l’armée. Ils se hâtent, et soudain ils entendent un Huron crier sur le rivage. C’est un de leurs compatriotes, autrefois fait prisonnier, et qui a été incorporé dans le parti ennemi maintenant posté plus haut sur le Richelieu. Ils le prennent immédiatement avec eux. « Combien êtes-vous ici leur demande-t-il ? Nous ne sommes que soixante, répondent les Hurons ; sauvez-vous, repart-il, car outre les canots que vous avez rencontrés, qui faisaient trente Iroquois, il y en a une centaine cachés tout proche d’ici »[3]. Les Hurons abandonnent alors toute idée de combattre un détachement aussi puissant et ils reviennent avec le fugitif qui avait couru après eux. Celui-ci

  1. Idem, 1644-45.
  2. Idem, 1644-46.
  3. Idem, 1644-46.