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IROQUOISIE

Quand les Montréalistes arrivent à bonne distance, la fusillade éclate. Le gouverneur donne à ses gens l’ordre de s’abriter derrière les arbres. Les adversaires se canardent d’abord sans se faire beaucoup de mal. Mais à la longue, les munitions des Français s’épuisent. Maisonneuve voit aussi tomber quelques-uns de ses hommes. Il découvre que l’ennemi est bien supérieur en nombre. Jugeant enfin que le combat tourne mal, il donne l’ordre de se replier.

Chaussés de raquettes, les Agniers courent et manœuvrent facilement. Les Montréalistes, eux, enfoncent dans la neige. Maisonneuve oriente alors la retraite vers un chemin encore solide sur lequel les habitants avaient hâlé l’hiver le bois de charpente de l’hôpital. Jusqu’ici la retraite est ordonnée, face à l’ennemi, Maisonneuve à l’arrière. Une fois la route atteinte, la panique envahit les colons. Ils fuient. Le chef demeure seul. De temps à autre, il se retourne et tire sur les poursuivants. Déjà, les plus rapides sont sur ses talons ; ils pourraient le capturer, mais ils réservent cet honneur à leur capitaine. Ce dernier arrive enfin à bonne distance ; il saisit Maisonneuve à la gorge. Celui-ci tire sur l’Iroquois ; il rate un premier coup. Tirant une seconde fois par-dessus son épaule, il le tue, et, délivré, poursuit librement sa course. Les ennemis s’occupent de leur chef et demeurent à l’arrière.

Les trois montréalistes suivants ont succombé dans le combat : Guillaume Lebeau, enterré le même jour ; Jean Mattemale et Pierre Bigot, dont les funérailles auront lieu le lendemain. Deux autres sont prisonniers et les Agniers les brûleront pendant quatre jours avec cruauté. Les Iroquois ont perdu leur capitaine. Peut-être ont-ils subi d’autres pertes ; les Montréalistes ne retourneront que le lendemain sur le lieu du combat et ils n’y trouveront ni mort ni blessé.

D’autres escarmouches auront lieu autour du poste. Dollier de Casson parlera de « ce rude combat et plusieurs autres qui se firent pendant cette année »[1].

  1. Idem, p. 54.