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IROQUOISIE

viennent à la traite. Les Hurons aussi. Champlain l’apprendra quelques jours plus tard dans la région de l’île d’Orléans ; ses conducteurs lui parleront des « bons iroquois » qui viennent offrir sur le fleuve des objets de cuivre afin d’obtenir en retour des articles d’Europe. Et dans la Relation de 1639, le père Jérome Lalemant écrira le passage suivant : « Il y a environ quarante ans que ces peuples pour la première fois se résolurent de chercher quelque route assurée pour venir traiter eux-mêmes avec les Français, dont ils avaient eu quelque connaissance… »[1] Ils avaient pris part à une expédition de guerre ; ils s’étaient rendus à Tadoussac, ils avaient reçu des traiteurs le nom qui devait leur rester.

Il faut encore remonter plus haut dans 1 histoire. Un courant de fourrures, venant du Saint-Laurent supérieur, s’est certainement établi bien avant le premier voyage de Champlain, en 1603. Le fleuve est déjà voie commerciale quand il s’y engage ; il est artère du commerce des pelleteries. L’hinterland québéquois peut contenir d’autres chemins secondaires qui mènent à Tadoussac, mais si longs, si tortueux, si difficiles, qu’ils ne sont pas pratiques.

Et c’est cette voie, cette artère du Saint-Laurent, de l’Outaouais, que les Iroquois bloquent en 1603 par leurs incursions, comme ils la bloqueront plus tard après 1642. Ces Indiens ne reçoivent en ce moment aucune marchandise européenne ; ce n’est qu’en 1609 que Hudson remontera le fleuve qui porte son nom ; ce n’est qu’en 1615 que Fort Nassau sera érigé dans les alentours de Fort Orange, aux portes de l’Iroquoisie. Par contre les Algonquins, surtout ceux du Saint-Laurent, de Tadoussac à Montréal, obtiennent des articles de traite de fabrication européenne et française, depuis quarante à cinquante ans. Le commerce régulier des fourrures est plus ancien en Nouvelle-France qu’en Nouvelle-Hollande.

Aussi les attaques iroquoises que les Algonquins et les Hurons repoussent quand Champlain vient en observateur, s’expliquent facilement de la façon suivante : les Agniers veulent empêcher une partie

  1. RDJ 1639-51.