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IROQUOISIE

en autorité les maux graves dont souffre le pays. « Çà été l’avis et le souhait, continue le père Vimont, de Monsieur de Montmagny notre Gouverneur, et de tous les habitants, qui m’en ont instamment prié »[1]. Montmagny et les autres coloniaux sont de petites gens qui peuvent difficilement avoir l’oreille de la Régente ; ils espèrent que les Jésuites atteindront plus facilement au pied du trône.

En Nouvelle-Hollande, la situation n’est guère meilleure. Van Rensselaer entreprend la lutte contre les traiteurs libres. « Ils ruinent, écrira-t-il, tout le commerce de pelleteries… en augmentant le prix desdites pelleteries… »[2] ; ce sont les Indiens qui profitent le plus de cette surenchère. Ils vendent des armes à feux aux Indiens et ceux-ci s’en servent ensuite contre les Hollandais avec qui ils sont en guerre. Autrefois les Indiens venaient pour la traite à Fort Orange ou à Rensselaerswyck, mais maintenant ils les entraînent dans d’autres lieux de traite. Et enfin « ils ont emporté plus de peaux en dehors de la Colonie en quelques semaines qu’autrefois en plusieurs longues années »[3].

Dans le même temps, la Nouvelle-Hollande en dehors de Fort Orange et de la colonie de Rensselaerswyck, passe par la première grande crise de guerre avec les Indiens de l’Hudson. Les hostilités se sont ouvertes en février. De grands massacres ont eu lieu. Les sauvages se servent contre les blancs des armes qu’ils ont achetées d’eux. Pas plus que les Français, les Hollandais ne sont nombreux dans leur colonie ; ils ne peuvent organiser comme le font les Anglais ces terribles expéditions punitives qui détruisent à fond toute une tribu. Le conflit s’éternisera.

  1. Idem, 1643-2.
  2. Van Rensselaer Bowier Manuscripts, p. 683.
  3. Idem, 682.