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IROQUOISIE

pays ; car leur guerre n’est qu’à s’exterminer ». Cette défaite marque, semble-t-il, la dispersion de la Nation du Feu. La péninsule du Michigan se dépeuplera graduellement. Le pays se vide en arrière des Ériés et de l’Iroquoisie.


(1643)

Le bilan de l’année 1643 est lourd de pertes.

Les Français et les Indiens du Canada sont sur la défensive. Et, dans des guerres comme celles du nouveau monde, seule l’offensive peut apporter des victoires. L’assaillant choisit son objectif, s’y rend en secret, attaque à l’heure qu’il juge propice. Les attaques par surprise sont fructueuses en succès.

Alors, les Iroquois, c’est-à-dire en l’occurrence les Agniers et les Tsonnontouans, sont maîtres du pays. Ils coupent les missions huronnes de leur base ; ils arrêtent ou dérivent le courant canadien de pelleteries ; ils empêchent la stabilisation des Algonquins à Montréal et aux Trois-Rivières ; ils continuent la destruction des peuples algonquins et hurons L’œuvre de la colonisation est entravée et une insécurité générale règne en dehors des forts.

Aussi, quand les navires partent à l’automne, le père Barthélemy Vimont, supérieur des Jésuites, envoie un message pressant à son provincial : « Il n’y a quasi plus de passages ouverts pour aller aux Hurons, dit-il, nos paquets l’an passé (1642) furent pris en montant ; cette année, ils l’ont été en descendant. Comme j’écris ceci, j’apprends que les voilà pris pour la troisième fois en remontant » (1643-2). Les conséquences de cette guerre sont graves : les Iroquois « si nous n’avons quelque secours de la France, seraient pour ruiner ici et la foi et le commerce »[1]. Alors le père Vimont décide de confier une seconde mission au père Paul le Jeune. Il le renvoie en France, car ce religieux est « expérimenté aux affaires de ces contrées », et il pourra représenter de façon efficace aux personnes

  1. RDJ, 1643-2.