Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
IROQUOISIE

sept ou huit fois les mains et la cruauté de ces barbares »[1]. Dans la Huronie même, les malheurs et les désastres se sont multipliés : « De pauvres femmes se sont trouvées presque tous les jours assommées dans leurs champs ; les bourgs dans les alarmes continuelles, et toutes les troupes qui s’étaient levées en bon nombre pour aller donner la chasse à l’ennemi sur les frontières, ont été défaites et mises en déroute, les captifs emmenés à centaines, et souvent nous n’avons point eu d’autres courriers et porteurs de ces funestes nouvelles, que de pauvres malheureux échappés du milieu des flammes, dont le corps demi-brûlé et les doigts des mains coupés, nous donnaient plus d’assurance que leur parole même, du malheur qui les avait accueillis eux et leurs camarades »[2]. Le père Lalemant attribue partie de ces désastres au fait que les Iroquois possèdent maintenant des armes à feu : « Mais la plus forte épine que nous ayons, est que les ennemis de ces peuples, ayant le dessus par le moyen des arquebuses qu’ils ont de quelques Européens, nous sommes maintenant comme investis et assiégés de tous côtés… »[3].

Une famine grave s’ajoute en Huronie à tous ces maux. Les réserves de maïs n’y sont pas aussi considérables qu’en Iroquoisie. Les plus riches ont à peine assez de grains pour ensemencer leurs champs ; les autres vivent d’un peu de glands, de potirons et de racines.

Malgré leurs malheurs, les Hurons voient encore arriver en leur pays de plus faibles qu’eux-mêmes qui cherchent un abri ou une protection : « Les Iroquois qui se font craindre sur le grand fleuve de Saint-Laurent, et qui tous les hivers depuis quelques années ont été dans ces vastes forêts, à la chasse des hommes, ont fait quitter aux Algonquins qui habitaient les côtes de ce fleuve, non-seulement leur chasse, mais aussi leur pays, et les ont réduits cet hiver à se ranger ici proche de nos Hurons pour y vivre plus en assurance ». Ces fugitifs, ces réfugiés, forment une bourgade à part. Parmi eux, se trouvent des Algonquins des Trois-Rivières, « et d’autres

  1. Idem, 1644-105.
  2. Idem, 1644-105.
  3. Idem, 1644-107.