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IROQUOISIE

Elle se tient à l’affût. Et les Hurons qui ont échappé à la capture aux portes de Montréal, le 9 juin, ceux qui ont été capturés mais se sont échappés ensuite, ont maintenant quitté Montréal et ils approchent des Trois-Rivières. Les Agniers les découvrent et leur donnent la chasse. Vivement poursuivis, ils fuient à toute allure, atterrissent, se dispersent dans la forêt, et arrivent au poste par la voie de terre.

Ce nouveau parti compte aussi des Hurons dans ses rangs. Quelques-uns s’enfuient et ils se présentent au fort à tour de rôle.

Le fleuve est donc bloqué. Pour le libérer, Montmagny arme et équipe quatre chaloupes. Il remonte le fleuve « pour voir si les Iroquois se présenteraient » ; il est même prêt à négocier la « paix, si elle était raisonnable »[1]. Mais aucune ambassade ne se présente. Les Agniers ne paraissent même pas. « … Si tôt qu’ils apercevaient les chaloupes, ils entraient plus avant dans les bois, et les chaloupes passées, ils retournaient sur le bord de l’eau, guettaient les Algonquins et Hurons »[2]. Même la flottille du Gouverneur est maintenant incapable de lever le blocus, du fleuve. Elle s’arrête à divers endroits, elle descend des troupes, surtout à « leurs forts accoutumés »[3], pour exécuter des reconnaissances. Mais les Français ne font qu’une découverte intéressante, et c’est à l’embouchure du Richelieu : ils y repèrent en effet un portage de deux lieues de longueur « par où les Iroquois traversaient et coupaient une pointe de terre… portant leurs canots et bagage sur leurs épaules, et ne point passer devant le fort de Richelieu »[4]. Ce poste n’a plus guère ainsi d’utilité pratique ; la garnison qui l’occupe n’est ni assez nombreuse ni assez bien adaptée au pays pour exercer sa surveillance dans un vaste rayon et intercepter les partis. Elle se tient blottie entre les palissades.

La multiplicité de ces attaques inspire le projet d’une invasion de l’Iroquoisie. Après avoir fait leurs semailles, les Algonquins de Sillery sont prêts pour l’aventure : « Les bruits des courses et ravages

  1. Idem, 1643-65
  2. Idem, 1643-65
  3. Idem, 1643-65
  4. Idem, 1643-65