Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
IROQUOISIE

Une dizaine de jours plus tard, l’un des deux Français s’échappe sous le prétexte de couper du bois pour le feu du bivac. Il réussit à revenir à Montréal. Il n’a été tenu lié que pendant deux jours. Les Agniers le destinaient aux travaux agricoles de même que les Français capturés avec le père Jogues. Des prisonniers hurons s’échappent aussi. Nus, affamés, ils arrivent à Montréal les uns après les autres et ils racontent leurs aventures. »

Le vingt-sept mai précédent, Montmagny avait donné l’ordre par écrit au Sieur Caumont, dit La Brosse, de prendre le commandement d’une barque nommée La Louise, de ses quatre soldats et de ses cinq matelots ; de conduire l’embarcation aux Trois-Rivières, puis au Richelieu ; et « ensuite ira mouiller avec ladite barque et équipage entre le lac Saint-Pierre et les Trois-Rivières, à l’endroit qui sera advisé bon être » pour surveiller le passage des canots et pour s’assurer si ceux-ci sont montés par des amis ou des Iroquois. Si Caumont découvre qu’il y a des ennemis sur le fleuve, il devra en informer le sieur Rocher aux Trois-Rivières et se mettre à sa disposition.

Mais la présence de La Louise dans ce secteur ne semble en aucune façon embarrasser les Iroquois. Le 12 juin, un parti d’Agniers vient s’installer dans un fortin que leurs compatriotes ont construit en 1639, au lac Saint-Pierre, à trois ou quatre lieues des Trois-Rivières et sur la même rive du fleuve. Trois ou quatre Hurons les accompagnent ; ils ont été capturés dans le même temps que le père Jogues. Deux d’entre eux s’échappent ; ils atteignent le poste français ; ils racontent les aventures du missionnaire captif, qui est devenu un « esclave de la nation » et qui subit bien des misères. La petite Thérèse « était fort recherchée en mariage »[1]. Elle récite son chapelet sur ses doigts.

Un troisième Huron réussit à fuir. Les Agniers savent maintenant que leur présence au lac Saint-Pierre est connue. Ils abandonnent leur poste. Mais une seconde bande iroquoise remplace la première.

  1. Idem, 1643-64