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IROQUOISIE

laer. Arent Van Corlaer n’est-il pas l’employé de ce dernier ? C’est tout ce groupe de Fort Orange qui est intéressé dans le commerce des pelleteries et qui manœuvre les relations avec les Agniers.

Il faut noter ce qu’enregistrent les documents : les Hollandais, à l’époque présente, arment les Agniers qui vivent loin d’eux, tandis qu’ils n’arment que bien peu les Indiens qui vivent parmi eux, et qu’ils redoutent.


(1643)

Des Indiens se groupent autour du fort Richelieu durant l’hiver 1642-43. Dans ce rassemblement se mêlent des Algonquins de l’Île, des Montagnais, des Hurons. Ils chassent dans la zone neutre, ils fournissent de la venaison à la garnison. Des plans de guerre s’agitent dans ces âmes vindicatives. Les uns et les autres ont subi de fortes pertes qu’en bons Indiens, ils veulent venger le plus tôt possible.

Le dix-neuf octobre 1642, un parti revient avec un prisonnier Sokoki. La tribu dont il fait partie est alliée aux Iroquois. Alors il subit la torture. Un bâton lui perce le pied, des cordes lui brisent les poignets, des dents lui arrachent les ongles. Les Indiens ne l’abandonnent que sur les ordres de Montmagny : « On leur remontre qu’il ne faut pas multiplier les ennemis »[1]. Bien soigné, il retournera en son pays. Ses compatriotes organiseront une ambassade pour arracher le père Jogues aux Agniers. Ceux-ci accepteront les présents, mais refuseront la libération du prisonnier, brisant du coup une coutume indienne importante.

Une expédition de guerre s’organise. Les missionnaires prononcent des exhortations au départ. Mais vingt-cinq guerriers seulement y prennent part. Ils se rendent sur la glace du fleuve : « Là ils se mettent en rond, et leurs capitaines les ayant harangués, ils chantent et dansent à la vue des Français qui étaient dans le fort. Il les faisait beau voir vêtus à la soldate… ; ils avaient des épées emmanchées en forme de demi-

  1. RDJ, 1643-46