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IROQUOISIE

Le conflit a été plus vaste aussi qu’on ne le représente ordinairement. Il a embrassé tôt, si ce n’est au début, l’Ontario comme le Québec. Quand Champlain traversera la première province, en 1615, il observera de vastes espaces que la guerre avait dépeuplés. En 1590 et en 1610, des débris de groupes indiens se joindront aux deux tribus principales qui habitaient la Huronie depuis l’an 1400, comme les Hurons l’affirmeront plus tard. En un mot, l’offensive aurait été générale ; elle aurait été menée sur un front immense, de Tadoussac au lac Huron, dans la direction nord-sud. Une tradition veut que les Hurons aient combattu avec leurs cousins, les Iroquois, pendant un certain temps avant de s’allier aux Algonquins pour former la coalition laurentienne.

L’histoire n’apprendra jamais les incidents de cette longue lutte. Elle tournerait vite contre les Iroquois car ils auraient perdu, dans le souci unique de l’agriculture, leurs anciennes vertus militaires. Mais un fait est certain : leur pénétration dans l’est n’avait pas de profondeur ; elle se limitait à des bourgades postées en des lieux stratégiques sur les rives du fleuve ; elle ne s’étendait pas dans l’hinterland où se pressaient les tribus algonquines ; elle était vulnérable.

Tout d’abord, les Algonquins remportent de grandes victoires. La destruction de deux ou trois bourgades occasionne-t-elle chez les Iroquois, comme plus tard, chez les Hurons, chez les Neutres, chez les Ériés, une terreur panique qui déracine toute la nation en quelques jours et l’emporte par les routes mortelles de la migration ? Les Agniers sont tellement décimés « qu’il n’en paraissait presque plus sur la terre… »[1] durant la fin du seizième siècle. Un autre fait bien établi est la destruction subséquente d’une bourgade iroquoise, celle des Onneyouts. Deux relations en parleront ; mais la première attribue ce fait d’armes aux Hurons et la seconde aux Algonquins de l’île des Allumettes. Les Agniers doivent fournir un contingent d’hommes aux femmes onneyoutes pour empêcher l’extinction de la tribu.

  1. RDJ 1660-6.