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IROQUOISIE

ancien que celui de 1642, négocié par Arent van Corlaer.

Ce dernier lui consacre peu d’espace dans la lettre qu’il écrit à son chef. Les Hollandais, dit-il, offrent des présents de la façon traditionnelle ; ils renouvellent le pacte d’amitié qui existe entre les deux nations. Ils demandent aux Agniers de ne pas attaquer les colons et de ne pas massacrer les bestiaux. Et ces propositions sont acceptées. Pour leur donner leur vraie valeur, il faut citer aussi la phrase incidente suivante de la lettre de Corlaer : « En plus, vous savez bien comment ils traitent nos gens quand ceux-ci tombent entre leurs mains ». Les Agniers tuent donc des bestiaux de Rensselaerswyck et ne se montrent pas toujours tendres, avant le traité, à l’égard des Hollandais qui tombent entre leurs mains.

Pour comprendre toute l’importance du traité, il faut encore remonter plus haut. Quand le commerce des fourrures s’ouvre largement à tous en 1639, les Hollandais s’aventurent en forêt « pour mieux faire la traite avec les Indiens… » de l’Hudson. Ils les reçoivent à leur table, ils les comblent de prévenances. Cette obséquiosité entraîne le mépris. Puis les colons et les négociants « vendirent en échange des fourrures… des armes à feu aux Agniers pour un détachement complet de 400 hommes, avec de la poudre et du plomb ; ce qui ayant été refusé aux autres tribus lorsqu’elles le demandèrent, augmenta leur haine et leur inimitié »[1]. Et ceci signifie que les Hollandais se rendent méprisables auprès des Indiens de l’Hudson parmi lesquels ils vivent, et encourent leur ressentiment en refusant de troquer aussi libéralement avec eux des armes à feu qu’ils le font avec les Agniers. De plus, Hollandais et Indiens de New-York ou de l’Hudson vivent maintenant les uns parmi les autres. Les animaux domestiques des premiers détruisent le maïs des derniers parce qu’il n’y a pas de clôture ; alors les Indiens tuent les cochons ; et les colons brûlent le maïs. De grosses querelles prennent naissance, une haine réciproque se développe. Enfin, un Hollandais est tué. Ses

  1. Idem, v. 1, p. 150