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IROQUOISIE

un quart d’heure devant chacun des bourgs avant que les sauvages soient prêts et nous reçoivent avec plusieurs salutations, — des salves de mousquets »[1] Les Agniers sont fort satisfaits de cette visite et vont tuer des dindes sauvages pour les festins. Corlaer rassemble les chefs de ces hameaux et les conseils ont lieu. Il les incite à libérer les prisonniers français. Il a vu le père Jogues, « un homme très instruit, à qui ils ont infligé de bien mauvais traitements en lui coupant les doigts et les pouces… Je leur offris comme rançon pour les Français, dit encore Corlaer, pour environ 600 florins de marchandises, rançon à laquelle toute la colonie aurait contribué, mais ils n’ont pas voulu l’accepter… Cependant, nous les avons portés à nous promettre de ne pas les tuer, mais de les ramener dans leur pays. Les Français coururent après nous en criant et nous supplièrent de faire tout en notre pouvoir pour les délivrer des mains de ces barbares. Mais il n’y avait aucune chance d’en arriver à cette fin »[2].

Les Hollandais sont donc incapables d’obtenir la libération des prisonniers. D’après Corlaer, ils étaient vivants tous les trois. Comme René Goupil sera assommé le 28 septembre, le voyage a dû précéder cette exécution de quelques jours. Et celle-ci a lieu quand le parti qui a attaqué le fort Richelieu revient en Iroquoisie après avoir subi des pertes. Le père Jogues et Couture rendront visite à Corlaer à Fort Orange au mois de mai 1643, et parleront encore de leur libération.

En second lieu, les trois députés hollandais négocient le premier traité officiel entre la Nouvelle-Hollande et le pays des Agniers. Pour le moment, l’événement passe à peu près inaperçu. Mais quand plus tard l’Angleterre et la France se disputeront l’Iroquoisie, il revêtira une grande importance. Pour établir leurs droits, les Français remonteront jusqu’au traité conclu en 1624 entre la Nouvelle-France et l’Iroquoisie ; les Anglais ne trouveront aucun instrument diplomatique bien établi qui soit plus

  1. O’Callaghan, Documents relative… v 13, p. 15
  2. Idem, v. 13, p. 15