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IROQUOISIE

dez-vous assuré, où ils puissent chasser et vivre hors des dangers des ennemis… »[1].

Ce grand rassemblement de Hurons et de plusieurs tribus de race algonquine paraît donc à tous une solution avantageuse. Mais quand on y repense à froid, après les enthousiasmes du début, on se rend bien compte qu’elle n’est possible que, « si on avait ôté le danger des ennemis, ou ménagé la paix avec eux : sans cela je ne vois pas qu’il y ait moyen que les Sauvages s’y puissent fixer et arrêter, ni que les Hurons aient la liberté d’y descendre, ni que la colonie des Français y puisse prospérer. Je suis obligé de parler avec cette sincérité »[2]. Les forces françaises qui se postent maintenant dans l’île ne sont pas si nombreuses que les Algonquins, ou les Hurons aient confiance dans leur capacité à les protéger.


(1642)

Le 11 septembre, Kieft, gouverneur de la Nouvelle-Hollande, écrit ce qui suit à Van Rensselear : « Les Agniers… ont tué un Français et ils ont fait trois prisonniers qu’ils traitent très mal… J’ai ordonné à Crol de verser une rançon pour eux ; j’espère qu’il réussira dans cette tâche »[3]. C’est à la suite de cet ordre que Arent van Corlaer, directeur de la seigneurie de Rensselaerswyck, se rend dans le pays des Agniers, probablement dans le mois de septembre de l’année 1642.

Ce voyage est d’une grande importance. Les Hollandais veulent assurer la libération du père Jogues et de son compagnon, Guillaume Couture. Puis ensuite, ils désirent, dans des circonstances critiques, resserrer les liens qui les unissent aux Iroquois.

Corlaer raconte lui-même son voyage à Van Rensselaer dans une lettre du 16 juin 1643. Il est parti, dit-il, avec deux compagnons : Jean Labadie et Jacob Jansem. Il a visité à tour de rôle les trois bourgades. « Nous eûmes, dit-il, à attendre environ

  1. Idem, 1643-61
  2. Idem, 1643-53
  3. Van Rensselaer Bowier Manuscripts, p. 625