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IROQUOISIE

ner en leur pays, et de leur déclarer le dessein des Capitaines, qui envoient ici du monde pour les secourir, leur promettant qu’on les aiderait à bâtir de petites demeures, et à défricher la terre dont ils ont perdu l’habitude, s’étant quasi rendus errants de sédentaires qu’ils étaient »[1]. Les Algonquins sont sensibles à l’invitation qui part d’une si grande générosité de cœur. Mais ils connaissent mieux l’état des choses que les nouveaux venus. Ils savent à quels dangers est exposée cette place sur la frontière. Ils répondent qu’ils étudieront cette affaire en leur pays : « Mais ils n’osèrent jamais donner parole de s’arrêter ici pour défricher la terre, la crainte des Iroquois leurs ennemis, leur donne trop de terreur…[2]. D’autre part, les gens habitués au pays sont au courant des mêmes faits : « J’ai de la peine à croire, dit l’auteur de la Relation, qu’il y ait jamais grand nombre de sauvages à Nôtre-Dame de Montréal, que les Iroquois ne soient domptés, ou que nous n’ayons la paix avec eux »[3].

Durant l’automne et l’hiver, l’œuvre s’ébauche quand même. Le lieu n’est-il pas propice à l’établissement de bourgades indiennes ? C’est une île ou de fortes défenses peuvent s’ériger. La chasse y est abondante, le sol fertile ; il y a des « prairies en quantité »[4]. Les Algonquins sont tentés. Le Borgne de l’Isle est de ceux-là. Les Hurons lointains pensent à cette solution : « … Nos pères des Hurons nous ont écrit que les sauvages de leur quartier y auraient devancé les Français, s’ils y eussent pu trouver un lieu d’assurance ou asile tel que celui qui y est déjà à présent, quoi que petit… Ils mandent qu’ils (les Hurons) sont perpétuellement à en parler, et que tôt ou tard ils y viendront tous, nonobstant la crainte des Iroquois, si l’on y est fort de secours temporel contre l’ennemi… »[5]. Les Nipissings imiteraient volontiers les Hurons dans cette migration. Ils pourraient composer à eux seuls une bourgade. Tous les débris de la Coalition laurentienne cherchent « un lieu de refuge assuré », ou bien encore un « ren-

  1. Idem, 1642-38
  2. Idem, 1642-38
  3. Idem, 1642-39
  4. Idem, 1643-52
  5. Idem, 1643-52