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IROQUOISIE

Leur moral est excellent. Les sauvages de la Nouvelle-France possèdent au même moment quelques arquebuses, mais pas en nombre suffisant. Les Hurons surtout paraissent très mal armés. Les historiens hollandais ont bien noté d’autre part que la période écoulée de 1639 à 1645 environ est pour ainsi dire le point tournant des destinées du peuple iroquois. Tout d’abord, il obtient des armes à feu ; avec les armes à feu, il peut voler facilement les fourrures des Algonquins et des Hurons dont les maladies contagieuses ont détruit les forces vives. Puis il se dérobe aux contributions que d’autres peuples exigeaient de lui. Enfin, il peut acheter des armes à feu en nombre de plus en plus grand. C’est un cercle.

Malheureusement, la méthode qu’emploient en ce moment les Agniers est dangereuse. En massacrant les Algonquins et les Hurons, ils peuvent faire disparaître des ennemis, mais ils tuent en même temps la poule aux œufs d’or. Qui, après eux, fera la chasse, récoltera les pelleteries ? Toutefois, personne ne pense au lendemain. La surenchère règne à Fort Orange. Chacun offre des prix plus élevés que son concurrent, les marchandises que les Indiens désirent avec le plus d’âpreté. Les profits des traiteurs diminuent chaque jour, ceux des Iroquois augmentent. Comment ces derniers alors ne prendraient-ils pas tous les moyens de trouver les précieuses pelleteries ?