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IROQUOISIE

Ils sont à toute heure aux aguets pour surprendre quelque canot chargé de pelleteries, quelque groupe en voyage. Et contre cette manœuvre, la Coalition laurentienne n’a pas de riposte. Les Français n’ont pas cent soldats, ils ne comptent pas quatre cents habitants. Ni les uns ni les autres ne sont acclimatés au pays, ne savent manier facilement le canot d’écorce, ne sont à l’aise dans la forêt, ne peuvent partir pour de longues expéditions avec leurs mousquets et un petit sac de farine de maïs. Seuls, Hurons et Algonquins pourraient parer ces attaques. Mais l’offensive iroquoise défonce du premier coup la façade derrière laquelle s’abritait encore leur faiblesse. Ils ne songent même pas à monter des expéditions auxquelles prendraient part six ou sept cents guerriers et qui seraient leur meilleur défense. Leurs petits partis sont ineffectifs. Leur défense est si faible que les bandes iroquoises commencent à se promener impunément dans la Nouvelle-France. Les Iroquois ne les redoutent plus, ils sont sans doute au courant de leur destruction rapide par les maladies contagieuses.

Le fait le plus significatif à partir de la présente année est l’impuissance absolue de la Coalition laurentienne à se défendre contre la tactique nouvelle de ses ennemis. Ceux qui la composent sont comme des victimes attachées par les mains et les pieds, et qui sont livrées sans défense aux coups de leurs agresseurs. C’est ce qui communiquera aux pages suivantes de l’histoire un pathétique infini.

À partir de l’année 1642 également, les Français sont directement attaqués. À l’embouchure du Richelieu, Agniers et soldats français se sont affrontés directement. La présence de Français dans des partis indiens ne leur vaut plus l’impunité.

C’est en bonne partie la possession d’armes à feu qui donne aux Iroquois une confiance en eux-mêmes et une audace qu’ils ne possédaient pas auparavant. Les traiteurs libres de Fort Orange trouvent le moyen de les armer secrètement. Et ensuite, ces Indiens ne craignent pas d’aller loin, d’offrir le combat, de s’y comporter avec assurance.