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IROQUOISIE

l’assaut —, adoptent la tactique qu’ils suivront à plusieurs reprises plus tard contre d’autres bourgades. Ils construisent leur fortin habituel de troncs d’arbres, dans la forêt, à l’est des lacs Simcoe et Couchiching ; blottis dans ce réduit, ils attendent l’heure propice. Les Hurons les attendent dans la direction du sud. Le moment venu l’ennemi traverse le lac ou le Détroit, il les prend en défaut, et ainsi il réussit des attaques foudroyantes comme des coups de massue.

L’assaut de Kontarea a probablement lieu à l’aube, alors que la population est plongée dans le sommeil et qu’il n’y a plus de sentinelle aux remparts. La surprise est complète. Les Tsonnontouans pénètrent dans le bourg et massacrent la population. Voici le court passage des Relations qui raconte ce fait important : « … Une troupe de barbares iroquois, ayant surpris une de nos bourgades frontières, n’y pardonna à aucun sexe, non pas même aux enfants, et réduisit le tout en feu, à la réserve d’une vingtaine de personnes, qui trouvant jour au milieu de ces flammes et des flèches ennemies, nous vint apprendre en même temps leur ruine, que la venue de cet orage qui disparut avant le lever du soleil »[1].

C’est la première grande défaite pour la Huronie. Le pays perd encore une partie de son territoire. Plusieurs centaines d’habitants sont probablement massacrés.

Ce coup terrible a lieu dans le temps même qu’un parti se prépare à partir pour la petite guerre. Il consulte le chaman le plus célèbre de la région. Celui-ci converse avec son démon en une tente pavée de cailloux rougis au feu ; il hurle comme un damné pendant que les guerriers dansent et crient. Il prophétise la victoire. Mais les chrétiens ne peuvent prendre part à ces scènes démoniaques. Et, quand le parti part, « les infidèles suivant leur route d’un côté, les chrétiens vont de l’autre »[2], s’affaiblissant ainsi mutuellement. Les premiers rencontrent des Iroquois ; six fois plus nombreux qu’eux, ils se laissent cependant gagner par la crainte, ils s’enfuient

  1. Idem, 1644-69
  2. Idem, 1644-70