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IROQUOISIE

entrer la nuit dans des cabanes pour assommer des personnes endormies ; poursuivis par des centaines de personnes, ils ont quand même réussi à s’échapper.

Durant leurs voyages en Nouvelle-France, les Hurons redoutent beaucoup plus maintenant les attaques de leurs ennemis que les dangers naturels ; « Car toutes les années, les Iroquois leur dressent de nouvelles embûches, et s’ils les prennent vifs, ils exercent sur eux toute la cruauté de leurs supplices ; et ce mal est quasi sans remède, car outre qu’allant pour le trafic de leurs pelleteries, ils ne sont pas équipés pour la guerre, les Iroquois ayant maintenant l’usage des armes à feu, qu’ils achètent des Flamands qui habitent leurs côtes, une seule décharge de cinquante ou soixante arquebuses, est pour donner l’épouvante à mille Hurons qui descendraient de compagnie, et les rendre la proie d’une armée ennemie qui les attendrait au passage »[1]. Ces attaques, si rien n’y met fin, détruiront vite le commerce des pelleteries. Toutefois, les Hurons esquissent une défense ; ils entretiennent des espions chez les autres peuples, ou comme disent les Relations, des « affidés et pensionnaires ». Ceux-ci « leur découvrent les desseins qui se forment contre eux… leur donnent avis des armées qui sont en campagne et des routes qu’elles doivent tenir »[2]. La coutume même exige que celui qui fait ces rapports donne un présent pour en assurer l’exactitude.

Ces espions sont parfois en défaut comme le prouveront les événements de l’année 1642. Durant l’hiver précédent, une panique avait éclaté en Huronie à la nouvelle que les Iroquois venaient assiéger Kontarea. Ce bourg est situé dans la partie orientale du pays, à cinq milles environ au sud-ouest de l’Orillia d’aujourd’hui ; il est bien peuplé et de bons ouvrages le défendent. Le temps avait passé et aucun ennemi n’avait paru. Toutefois l’attaque se produit dans les derniers jours du mois de juin ou au début du mois de juillet de l’année 1642. D’après le père Jones qui a bien étudié la question, les Tsonnontouans, car c’est probablement eux qui conduisent

  1. Idem, 1642-56
  2. Idem, 1642-56