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Enfin, exténuées, mi-mortes, elles atteignent les Trois-Rivières. Et là, elles racontent le sort pitoyable des Algonquins de la Petite Nation.

Les Iroquois, des Agniers encore tout probablement, surprennent deux familles de la tribu des Iroquets. Un capitaine de la tribu se présente aux Trois-Rivières, et il crie à tue-tête : « Ho, Ho, Ho », comme l’homme qui a de mauvaises nouvelles à annoncer. Le silence se fait, et il dit : « Les Iroquois… nous ont tués ce printemps »[1].

Le 8 juin, quarante Hurons subissent une défaite dans des circonstances et avec des résultats inconnus.

Voici maintenant une adolescente huronne. Elle vit depuis plusieurs mois au couvent de Québec sous la direction de la grande Marie de l’Incarnation. Celle-ci parle souvent d’elle dans ses lettres. Elle admire les prêchements de son élève à ses compatriotes : « Ils écoutaient cette jeune fille avec une attention non pareille »[2]. « Ce sera le plus grand esprit des Hurons quand elle sera de retour ; celle qui l’a instruite est sans doute un des plus grands esprits de la France »[3]. Ainsi s’expriment les Relations.

Thérèse Oïouhaton a treize ou quatorze ans. Le temps est venu pour elle de retourner en son pays. Elle arrive aux Trois-Rivières. Un convoi se prépare pour la Huronie. Vingt-cinq Hurons chrétiens doivent le conduire. Ce parti compte quelques uns des guerriers les plus célèbres et les plus braves de leur pays : Eustache Ahasistari, Étienne Totiri, Charles Tsondatsaa, Joseph Téondéchoren. Ils étaient arrivés le dix-sept ou le dix-huit juillet avec une partie du convoi de fourrures.

Le Gouverneur, Montmagny, est en ce moment aux Trois-Rivières. Il a sous ses ordres une flottille de chaloupes et de barques qu’il conduira à l’embouchure du Richelieu, au premier vent favorable, pour y construire un fort avec les subsides du cardinal Richelieu. Il demande aux Hurons de l’attendre ; il les escortera et les protégera pendant la partie, si dangereuse, de leur trajet. Mais ces Indiens « ne craignent les dangers que quand ils voient l’ennemi ».

  1. Idem, 1642-49
  2. Marie de l’Incarnation, Écrits spirituels et historiques ; v. 1, p. 146
  3. RDJ 1642-34