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CHAPITRE XIV


(1642)

La guerre est vraiment commencée.

Au printemps, des Algonquins de l’Outaouais arrivent à Sillery. Les Indiens catholiques leur offrent les présents de sympathie. Un parti de guerre s’organise. Montagnais catholiques et Algonquins païens en font partie ; les premiers prient, les seconds consultent leurs chamans. À mi-chemin, ces derniers décident de revenir « ou par mépris ou par crainte d’entrer dans le pays de leurs ennemis… »[1]. Les autres poursuivent leur route. Plus loin, ils découvrent un détachement iroquois qui compte le même nombre de guerriers que le leur. Ils se demandent s’il est à propos de tuer leurs ennemis ou de les capturer : « C’est le plus doux plaisir dont puisse jouir un sauvage, de traîner après soi son ennemi lié et garrotté » Afin de leur éviter la torture, ils se lancent à l’attaque avec furie, sabrent à droite et à gauche, remportent une belle victoire.

Trois cents guerriers iroquois se mettent en campagne. Ils amènent avec eux quelques prisonnières algonquines qui transporteront la farine de maïs, leur principale provision de bouche. À la première occasion, celles-ci se glissent sous le couvert de la forêt. Elles marchent sans manger pendant dix jours. Puis elles découvrent du gibier à moitié dévoré par des Indiens, elles en mangent goulûment. Elles allument du feu à l’ancienne façon de la tribu. Elles capturent des castors. Elles traversent des rivières. Leurs corps sont tout lacérés par les halliers.

  1. RDJ, 1642-46.